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618                           LA REVUE LYONNAISE
les proparoxitons sont les mots dans lesquels la syllabe accentuée
est suivie de deux voyelles; tels que : ânimam, môbilem^.
   A côté de l'accent, cet « élément logique » du mot que le génie
abstrait de Rome développa rapidement, le latin faisait encore une
large place à la quantité qui en était comme « l'élément matériel ».
Cette notion de la quantité, dont parmi les langues modernes,
l'arabe et le lithuanien sont seuls à conserver quelques vestiges,
était vivace encore à l'époque barbare où le latin après s'être
désagrégé peu à peu, donna naissance aux divers idiomes romans.
En effet, si l'on fait abstraction de l'A qui a été traité de même
quelle que fût sa quantité, les voyelles, tout au moins lorsqu'elles
étaient accentuées, ont eu en roman un sort différent suivant
qu'elles étaient longues ou brèves en latin.
   Enfin à côté de cette division des voyelles en brèves et en longues,
il convient d'en ouvrir une troisième celle des voyelles longues par
position.
   La voyelle en position ou comme l'on dit depuis peu la voyelle
entravée est celle qui est suivie de deux consonnes comme l'a
de : cartam, album, arborem. L'entrave peut remonter au latin
comme dans arma (lat. arma) ou bien être le résultat de la chute
d'une voyelle non accentuée comme dans : tabla (lat. tàb(u)lam).
On dit dans ce dernier cas que l'entrave ou la position est
romane, dans le premier qu'elle est latine.
   Au dix-septième siècle, comme au reste à toutes les époques, les
documents en dialecte lyonnais sont des plus rares ; je me suis serv
pour écrire ma phonétique des seuls qui nous aient été conservés :
La Bernarda-Buyandiri, tragi-comédie en deux parties, imprimée à
Paris en 1658, que j'ai rééditée dans le dernier numéro de la Revue
Lyonnaise d'après l'unique exemplaire connu, les passages patois de
La Ville de Lyon en vers burlesques dont la première édition remonte
à 1694, et le couplet des Lavandières, dans Y Entrée magnifique de
Baccbus avec madame Dimanche grasse sa femme, faicte en la ville de
Lyon, le i4febvrier 1627.
   (1) On sait que le latin classique, à la différence du sanscrit, du grec, de l'allemand et
de l'anglais, par exemple, n'admet jamais plus de deux syllabes après l'accent. Cet accent,
il le place sur la pénultième quand elle est longue : avénam et sur l'antépénultième quand la pénul-
tième est brève : âninam. Cf. S. Reinach, Manuel de philologie classique, p. 130. Paris, Hachette,
 1880.