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                       JEAN PILLEHOTTE                           573
quelques citoyens se mirent en relation avec les troupes royales
qui étaient en Dauphiné, sous le commandement d'Alphonse d'Or-
nano. Le 7 février 1594, on leur facilita l'entrée de la ville par le
Pont du Rhône. Le 8, elles étaient maîtresses de la place, avec
l'appui d'une partie de la population. Dès que la fortune se fût
déclarée, le reste des citoyens s'empressa de changer de drapeau
et, comme il arrive toujours en pareille occurrence, autant on avait
paru catholique et guisard, autant on se montra partisan du roi.
Les troupes royales ne pouvaient en revenir d'avoir tant d'amis
dans cette ville qui leur avait été si longtemps fermée.
    Devant cette bonne volonté universelle, il n'y eut ni vengeance,
ni châtiments. On pendit, place Confort, un malheureux Florentin;
on destitua sept échevins trop avancés parmi lesquels l'ami intime
 de Pillehotte, Claude de Rubys, sieur de l'Antiquaille, qui n'en
 dit rien dans son Histoire de Lyon, et ce fut à peu près tout.
 Quelques citoyens prirent la fuite ; Rubys gagna précipitamment
Avignon. Peu à peu, cependant, on ne tarda pas à revenir. Quant
à notre imprimeur, on ne paraît pas l'avoir inquiété, et si ses
heureux rivaux furent comblés des faveurs royales ; si Cardon
obtint la noblesse et Julliéron d'autres honneurs, lui, du moins, en
modifiant un peu sa clientelle et son industrie, put rester à la tête
de son imprimerie et de son commerce, conserver son influence
populaire et jouir de l'estime de tous ses concitoyens jusqu'à un
âge avancé.
   La politique morte, les presses de sa maison fermées aux violences
des partis, Pillehotte publia des ouvrages de piété et des œuvres
littéraires inoffensives qui ne pouvaient attirer sur lui l'attention
du pouvoir, nous citerons au hasard :
    Discours au vray des sainctes cérémonies faictes à Rome
pour la réconciliation et bénédiction du roy, avec un autre
discours de la route de Seynam Bassa; et de la copie d'une
lettre escripte par l'empereur des Turcs au prince de la
 Transsylvanie. Le tout fidèlement traduict d'italien enfran-
çois, sur les copies imprimées à Rome et à Viterbe. A Lyon,
par Jean Pillehotte, 1596, in-8.
    Expositions et remarques sur les Évangiles, Urées des
 Escrits des Saints Pères et des monumens anciens dé l'Église,