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E P I G R A P H I E ROMAINE 587 statues d'empereurs, qu'ils ne faisaient pas les choses mesquinement. — Ils décer- naient aussi des statues aux membres de la famille impériale, aux favoris du trône : à un Plautien par exemple, à des gouverneurs de l'une ou de l'autre des trois Gaules, à d'autres hauts fonctionnaires publics dont ils pouvaient avoir quelque chose ou à espérer ou à craindre. L'honneur d'une statue était aussi régulièrement accordé au prêtre président de la réunion et, non seulement à lui-même, mais même à ses proches : son père, ses oncles, ses frères, sa femme, ses fils, ses petits-fils, etc., et sans doute en raison de sa libéralité et de celle de la cité qu'il représentait. En peu de temps l'espace compris entre le pied de la colline et l'église Saint-Nizier devint pour ainsi dire une forêt de statues; l'église Saint-Pierre paraît avoir été presque entièrement construite de pierres provenant de piédestaux. On voit que pour être délégué d'une cité à l'autel du confluent lyon- nais, il ne suffisait pas d'être fort honoré chez les siens, il fallait encore et par-dessus tout être extrêmement riche et payer cet honneur par d'excessives générosités. Une association qui avait entre les mains d'assez larges ressources pour sub- venir à des dépenses si grandes, ne pouvait se passer d'une administration régu- lièrement organisée pour le fonctionnement de sa caisse. Les inscriptions font connaître trois fonctions différentes qui se rattachaient au service de Varca Galliarum : un allector arcae, un judex arcae comme était le personnage de notre pierre, et un inquisitor, tous trois pris parmi les délégués et ordinai- rement honorés de statues à la suite de leur charge. De leurs fonctions on ne sait rien de plus précis que ce qui ressort du titre même, d'ailleurs étranger à la titulature des fonctions publiques. On savait déjà par un fragment extrait des ruines de l'amphithéâtre des très Oalliae que les Bituriges Cubi, — Bourges et le Berry, — avaient, à cet am- phithéâtre, un certain nombre de places réservées ; mais on n'avait pas jusqu'à présent retrouvé de piédestal de statue d'un délégué qui fût certainement de cette cité. La découverte faite dans la rue Lanterne permet d'augmenter d'un nom la liste des cités représentées dont on a des souvenirs; ce sont, dans la Lyonnaise, les cités des Aedui, des Carnutini, des Segusiavi, des Senonii, des Tricassini, des Turoni, des Yeneti et des Viducasses ; dans la Belgique, les cités des Nervii, des Sequani, des Suessiones, des Veromandui et des Medio- matrices ; dans l'Aquitaine, les cités des Arverni, des Bituriges Cubi d'après notre inscription, des Bituriges... (?), des Cadurci, des Lemovices, des Petru- corii, des Pictavi et des Santones. Quant aux judices arcae, on ne connaissait avec certitude qu'un Tiberius Pompeius Priscus de la cité des Gadurques, et un Tiberius Sulpicius G dont l'ethnique manque. Silvinus de la cité des Bituriges Cubes fait le troisième. II AHENOBARBVS Plusieurs des lecteurs de la Revue nous ont demandé de les mettre au courant du cas d'Ahenobarbus; nous essayons de satisfaire à leur désir. En l'an 122 avant l'ère chrétienne, le proconsul Gneus Domitius Ahenobarbus battit, à Vindalium, — le plateau de Scève, — au confluent de la Sorgues et du