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522 LA REVUE LYONNAISE Jean Monné, Huot, Louis Astruc, A. Marin, Jouveau... brillent à sa suite, non ! à son entour. Le félibre-bénédictin, Dom Garnier, a la voix fort douce, fort touchante ; une voix mouillée de larmes ! Quelqu'un dont les vers vont droit au cœur, c'est M. Antonin Glaize, de Montpellier. Il pleure, et se cache, à l'envi de la violette : honneur à tous deux ! Je prie Mmo Anaïs Roumanille et Mlle Alexandrine Brémond de me pardonner, si je n'ai pas commencé par elles ma critique, mon éloge. L'une monte de ciel en ciel, vers l'autre; et leur éclat, loin de décroître, s'en augmente. J'en passe, et des meilleurs... Voilà pour les vers. Je m'abstiens de citer pièces et fragments. Le petit volume vaut plus que son prix ; qu'on l'achète. Beaucoup trop de gens n'aiment pas les vers. Il faut les plaindre toujours... et les envier cette fois, car il se trouve que les compo- sitions en vers, si belles et si attrayantes pourtant, sont peut-être (ô poètes, pardonnez-moi, je dis : Peut-être !) moins attrayantes, moins belles que les compositions en prose! Et qui me soupçonnera de paradoxe, qui me convaincra d'imposture, lorsque j'aurai dit que tous les articles de prose, discours, contes, histoires, etc., ont pour auteurs le Cascarelet-Roumanille et Montpavon-Mistral ? En vérité, les récits de Montpavon-Mistral sont dignes de paraître chez Hachette comme Nerto et Mirèio, et ceux de Cascarelet- Roumanille dignes de sortir de chez Seguin avec li Counte prouvençau. Je finirai sur un reproche, sinon sur un regret : les meilleures choses de la vie finissent de cette façon, hélas ! et ce regret, sinon ce reproche, c'est que la voix d'Aubanel manque depuis si long- temps à ce concert provençal. Je suis le moindre des félibres, mais j'aime mon pays d'oc, ma langue d'oc, c'est pourquoi je crie au silencieux : « Lève-toi, notre gloire; lève-toi, luth et cithare ! Exsurge, psaUerium el citliara ! JOSEPH RODX.