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348 LA REVUE LYONNAISE si d'ailleurs on ne scavois qu'ils font cela par un bon motif, pour conserver l'ancienne manière de prier des fidèles et pour marquer que la véritable piété consiste plutost dans l'ornement intérieur de l'âme, que dans l'extérieur. Le vingt-sixième septembre je suis allé voir l'Hôstel de ville qui est un des plus beaux, et des plus magnifiques bâtiments de France, non seulement pour son architecture, mais aussi pour ses peintures. Il y a quatre grands corps de logis qui se joignent à quatre pavillons, sans compter ceux qui ont été bâtis pour loger les offi- ciers. Dans un costé il y a un escalier à noyau, qui est fort hardy et bien ouvert, c'est une pièce achevée, j'y ay admiré un autre escalier fort vaste ; mais ce qui surprend davantage, est qu'il se soutient de soy mesme, tant l'artifice y est admirable; et au milieu est un vestibule à jour à qui rien ne manquera pour la beauté quand il sera enrichy de peintures selon le dessein projeté. Je serois icy trop longtemps si je faisois une description exacte de ce lieu, et si je voulois parler en détail de toutes les chambres et sales de cette superbe maison. Je m'arrestteray seulement à ce qui m'a semblé le plus beau. Cet escalier dont je viens de parler, vous rend dans une sale qui n'est pas moins considérable pour sa symmétrie, longueur et largeur, que pour ses belles et exquises peintures, dont elle est enrichie dans le plafond, qui ne luy donnent pas moins d'ornement que d'estonnement à ceux qui la regardent, et de l'estime pour Blanchet ouvrier de tous ces chefs-d'œuvre. L'on monstre en cette sale deux statues de bois artistement tra- vaillées ; l'on les doit dorer pour y mettre la dernière main, l'une desquelles représente la Vierge et le petit Jésus. De cette sale l'on passe par une petite galerie dans une autre grande sale de trente- six pieds de largeur, et une fois autant de longueur, dans laquelle parmy plusieurs tableaux qui représentent tous les rois de France nommés Louis; j'y ay admiré celuy de Louis XIV, régnant présen- tement; comme aussi plusieurs belles et délicates peintures, dont le plat-fond est enrichy : mais celles qui m'ont surpris davantage, et qui semblent estre faites pour faire admirer l'ouvrier, et pour tromperies regardans, sont quelques personnages qui y sont repré- sentez entre autres un petit enfant tout nud qui paroist détaché à la veue du plat-fond, et un bâton que tient un autre petit enfant,