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334 LA REVUE LYONNAISE déployer, se complaisent plus particulièrement dans l'exposé de ce que j'appellerai la partie technique de l'ascension. D'autres s'attachent au côté pittoresque. Quelques-uns déploient dans le récit de leurs aventures une verve du meilleur aloi et saupoudrent leur prose d'excellent sel gaulois; si vous ne m'en croyez, allez plutôt aux Cornettes de Bise avec le spirituel historiographe de cette mé- morable expédition. Ce fascicule renferme aussi un remarquable article nécrologique consacré au vice-président de la section Lyonnaise, M. Aniel, le regretté professeur du Lycée de Lyon, dont le zèle avait si puissamment contribué à l'établissement et au développement du Club Alpin dans notre ville. Bien imprimé, comme toutes les publications de la section Lyonnaise, ce volume ne peut manquer d'être accueilli favorablement et lu avec plaisir. G H. LA VENIR. ŒUVRES POÉTIQUES DE GABRIELLE RICHARD-MEYNIS, drame religieux, pastorale, pièces diverses â l'usage surtout des collèges et pensionnats, au bénéfice des écoles catholiques de Saint-Irénée, — Lyon, imprimerie catho* lique, 30, rue de Condé, 1884, in-8, 83, p. Les années sont déjà loin où notre pauvre Fiance, calme, heureuse, prospère presque sans souci du lendemain, aimait à se reposer des convulsions douloureuses du passé, dans la séduisante étude des lettres et des arts. De grands poètes émer- geaient alors, tour à tour, de la foule qui se suspendait à leurs lèvres et répe'tait avec charmes, leurs divins chants. La foi, sans laquelle il n'y a pas de véritable nspiration, animait la plupart de ces hommes d'élite. Ils croyaient en Dieu et célébraient ses louanges avec les plus ravissants accents. Mais ces beaux jours se sont évanouis bien vite; d'horribles orages les ont suivis. Le réalisme a envahi notre belle littérature. Ses adeptes, sans croyances et sans inspiration, et uniquement en vue d'une renommée de mauvais aloi, ont mêlé à notre langue, Jusqu'alors toujours chaste et honnête, un argot qui ne se parle que dans les tavernes ou dans nos Chambres. La religion inspiratrice des grands sentiments, voit revivre ses anciennes et douloureuses persécutions. Dieu est déjà chassé de l'école; l'âme de l'enfant n'appartient plus à ses parents, et bientôt la secte odieuse qu'on laisse, sans résistance, s'imposer à notre pays, encensera la Raison clans nos temples confisqués et souillés. Ce n'est donc pas sans une certaine surprise et sans un vrai bonheur qu'on écoute les voix bien rares et timides qu'anime encore aujourd'hui le souffle divin, et dont les chants ont la beauté et la pureté de cette noble poésie qui émerveillait et même enthousiasmait nos jeunes années. Du nombre de ces âmes d'élite, mais que ne comprend plus la foule corrompue et blasée de notre temps, est M1Ie Richard- Meynis, jeune fleur aux plus belles espérances, la joie et le bonheur de sa famille, mais fauchée, avant l'heure, par l'impitoyable mort. Qui connaît son nom? La moitié de ce nom est cependant celui de l'un de nos écrivains archéologues bien aimés, sur la tête duquel les années glissent sans l'atteindre et qui conserve une virilité de corps et d'e?prit qu'il sait si bien consacrer à tant de savantes et bonnes oeuvres. « Une vie fervente, a dit avec justesse l'ami qui publie les œuvres poétiques et posthumes de Mlle Richard-Meynis, avait donné à cette dernière un jugement