Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
306                        LA R E V U E L Y O N N A I S E

   Il connaissait très particulièrement le christ et en parlait à l'oc -
casion. Avant d'en raconter l'histoire il disait un jour : « Ce cru-
cifix a une légende. Il est bien beau, mais sa légende est encore
plus belle. »
   Je cite encore la déposition de M. l'abbé Bouvard, ancien
vicaire de M. Cattet, aujourd'hui curé de Saint-Pierre à Saint-
chamond (Loire) ; c'est l'une des informations les plus suivies et
les plus précises que j'aie*recueillies.
   Un peintre lyonnais, M. Guy, enfant de Saint-Paul, a vu le
Christ chez M. le curé dès son bas âge. L'artiste en herbe, qui
flairait déjà les belles choses, ne pouvait sortir les yeux de dessus
le chef-d'Å“uvre, toutes les fois qu'il entrait chez M. Cattet. Plus
tard, lorsqu'il vit celui d'Avignon, il fut frappé de leur ressem-
blance et s'empressa d'annoncer à M. Cattet que son crucifix sor-
tait de la même main que le crucifix des Pénitents d'Avignon et
avait pour auteur Jean Guillermin. Il faut dire qu'il n'avait pas
vu la signature. M. le curé s'en émut peu et continua à faire de
bonnes prières à ses pieds.
   Voici donc le fond du récit que j'ai recueilli comme émanant de
la bouche même de M. Cattet.
   Non loin delà chapelle des Pénitents, vivait retiré avec sa femme
un homme de bien, dans une position modeste, mais à l'abri du
besoin. Pendant la tourmente révolutionnaire, il rendit les plus
grands services à la Confrérie. Il avertissait les Pénitents des dan-
gers qu'ils couraient, au besoin, favorisait leur évasion et veillait
sur la chapelle.
   Un des derniers confrères restants le pria de retirer chez lui le
crucifix de buis, l'objet le plus précieux qui leur restât. Il le lui
donnait pour reconnaître son généreux dévouement. « Que Dieu
vous garde, ajouta-t-il tristement; que ce christ vous porte
bonheur! Nous, nous allons disparaître. A la garde de Dieu ! »


une chambre humide et fut frappé d'un mal terrible, la danse de Saint-Guy. Dés
mouvemenls convulsifs agitaient tous les membres, mus^dans tous les sens, comme
par des forces folles et mystérieuses Ce spectacle était effrayant à voir. Mais dans
ce corps infirme se trouvait une àme forte et impassible, un cœur généreux et bien-
veillant. Professeur à la Faculté de théologie, vicaire et curé de Saint-Paul, pendant
quarante-deux ans, il se retira en 1854 et mourut en 1865.