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                          L'ATLANTIDE                           205
le grand prix de poésie. Le rapport du concours ressemble à un
dithyrambe : « Devant des compositions d'une telle grandeur, y
est-il dit, l'Académie ne peut émettre son opinion qu'avec une na-
turelle timidité. Cette œuvre où la flamme du génie brille du
commencement k la fin, et où certains passages enivrent et trans-
portent par leur sublimité, est appelée k faire le plus grand hon-
neur k notre littérature...»
   La presse Catalane, tout d'une voix, souhaita la bienvenue k
Y Atlantide; Madrid éclata en applaudissements; Londres, Bruxelles
saluèrent par des clameurs d'enthousiasme le merveilleux poème.
Paris seul manqua d'abord au concert triomphal ; Paris lisait
en ce temps-là Pot-Bouille et l'Assommoir.
    Néanmoins, quelques esprits distingués préparèrent des études
sur l'œuvre catalane ; c'étaient nommément, le comte de Puy-
 maigre, historien littéraire du moyen âge espagnol, traducteur
du Victorial et des Romanceros castillans et portugais (1878) ;
Mgr Tolra de Bordas, l'auteur d'un magistral Essai sur VAtlan-
tide (1879) ; M. Paul Mariéton, le jeune critique au large cœur
(1882) ; et un autre écrivain d'avenir, que j'apprécierai plus loin
(1879).
    Analysons vite Y Atlantide ; nous la jugerons après.
    Deux vaisseaux, l'un vénitien, l'autre génois se rencontrent,
près de la mer lusitanienne. Bataille. Tempête. La foudre met le
feu à une poudrière ; les deux bâtiments coulent k fond. Naufrage
universel. Seul un jeune marin, porté sur un débris de vergue
aborde vers une terre inconnue. Un vieillard l'accueille et l'hé-
berge et conte l'histoire de Y Atlantide, devenue Y Atlantique, à
celui qui sera Christophe Colomb.
    C'est ce que Verdaguer nomme Y introduction.
   Après une exposition du sujet, ou prologue comme on disait à
Rome, le drame commence : le voici, dessiné à grandes lignes :
Hercule, fils d'Alcée, sort de Grèce, traverse la Crau d'Arles et
gravit les Pyrénées, Or, les Pyrénées sont en flammes. Géryon,
l'incendiaire, traque Pyrène, qui expire entre les bras d'Hercule.
Hercule jure de la venger. Il descend k Barcelone, s'embarque,
effleure Tarragone, Valence, met pied k terre a près de l'endroit
où l'Europe et l'Afrique se touchent la main », et se hâte vers