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98 LA R E V U E LYONNAISE Finissons-en, Messieurs, une bonne fois avec cette injuste querelle et remettons d'un commun accord cette qualification dans le bahut des vieux clichés d'où elle n'aurait jamais dû sortir. L'occasion est réellement trop belle, et nous ne la laisserons pas échapper. Nous sommes Français et bons Français, et nous le resterons, quoi qu'il arrive ! et nous le resterons toujours et à tout prix! Nous aimons et respectons la langue de notre berceau, comme des enfants bien élevés aiment et respectent une mère-grand, courbée, vieillie et défigurée par l'âge; mais une mére-grand qui a tout gardé pour se faire aimer, et dont nous vénérons jusqu'au vêtement de soie flétri et démodé, les rides profondes et le caractère par- fois fantasque. Oui, nous sommes Français et bons Français ! et, au jour désiré de la revanche, les Provençaux se souviendront que le chant national de la France emprunta jadis son nom à notre Provence aimée, et, chemineront tout comme leurs devanciersi sans peur ni faiblesse, dans le chemin pierreux de l'abnégation et du devoir! Nous sommes de la Provence de Mistral et de Daudet, mais nous sommes aussi de celle de Mirabeau et de d'Assas! Je termine donc en portant un toast bien simple, bien court et bien vrai ; un toast qui part de notre cœur à tous ici tant que nous sommes, et qui nous unit dans un sentiment commun. Messieurs, je bois à Paris la ville immortelle ! je bois à la France notre mère ! Et le toast de M. Goffinières, remettant au Vapoulié l'album Paris à Mistral. Ce magnifique album, offert par les félibres de Paris à Mistral, consacre, de la façon la plus éclatante, la renaissance do la langue provençale, devenue aujourd'hui un fait accompli, puisque les plus grands esprits ont tenu à y insérer, sous toutes tes formes, leur admiration pour cette sœur cadette de la poésie française. Au milieu de ce concert nous citerons Victor Hugo, Ernest Renan, Daudet, Arène, Legouvé, de Lesseps, Sully Prud'homme, Meilhac, Bourget, Jules Simon, François, Coppée, de Banville, d'Ennery, Jules Claretie • Gabanel, Rodin, Henri Lefort, Régamey, Gilles, Gollin, Loudet, Trouvé, Gabriel Ferrier, Maurou, Chatinière; Amy, Rambaud, Hugues, Clément; Gounod, Paladilhe, Massenet, Dauphin, etc. Et, venant au mouvement conquérant du félibrige, constaté par les fêtes annuelles de mai : Chacune de ces étapes constate, tous les ans. par le discours du Capoidic., la - marche, le progrès, ïespaadimen de cette renaissance provençale du dix-neu- vième siècle, qui vient aujourd'hui planter son drapeau dans la capitale intellec- tuelle du monde, dans ce Paris, naguère encore dédaigneux des patois du Midi et qui l'acclame aujourd'hui par le fait de cet album, dans lequel tous les esprits émi- nents, dans les lettres et dans les arts, ont tenu à apporter leur haut témoignage d'admiration pour Mistral, ce triple génie: poète, philologue et apôtre ! III On n'a pu oublier, dimanche, que Ja fête de Sceaux était en principe une réu- nion officielle, la Sainte-Estelle, comme disent les félibres, l'assemblée générale du Félibrige de France. Les élections du consistoire avaient été, en effet, renvoyées au lendemain.