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16                       LA REVUE LYONNAISE
ce seroit pourtant fort à propos que vous l'auriez apprise à la fin de l'année, pour
me donner lieu de me souvenir de la lettre que je vous écrivis au commencement
de juillet 1720 par laquelle en vous envoyant pour le payement des six mois qui
restoient et pour les deux années suivantes, un billet de cent francs, je vous
promis que si le cours des espèces venoit à se rétablir, je vous rétablirois aussi
en argent le payement de votre pension à raison de dix huit francs par semestre,
de la même manière qu'avant l'introduction des billets de banque. Je veux donc
bien aujourd'hui, quoique mes revenus soient diminuez de moitié, vous tenir
parole, et vous payer les six mois de l'année prochaine par telle voie qu'il vous
plaira me marquer. C'est à vous à la choisir bien sure et à vous faire payer
d'avance à Bar-sur-Aube, car de mon côté je ne manquerai pas de compter ici
les dix huit francs à la personne qui me sera indiquée de votre part. Du reste
ma santé, celle de votre mère et de toute la famille a toujours été fort bonne. Je
souhaite qu'il en ait été ainsi de la vôtre. J'ai fait vos complimens à votre frère
et à son épouse qui vous font les leurs. Votre mère vous demande la continuation
de vos bonnes prières. J'en fais de même et suis, mon cher fils, votre très affec-
tionné père.
                                                     DE LA M O N N O Y E .




                                       XV
                                                        A Paris le 5 janvier 1723.
   J'ai pris soin, mon cher fils, au moment que votre réponse m'a été rendue, de
mettre ordre à vous faire toucher vos dix-huit francs. Vous reconnoitrez parla
lettre de change ci-jointe qu'on n'y a point perdu de tems. C'est votre mère qui
en a fait'les pas, et qui vous souhaite comme moi beaucoup de santé. La mienne,
malgré tout ce qu'on a voulu dire, a toujours été bonne et depuis seize ans que
je suis à Paris, hors un dévoiement que l'eau de Seine me causa les premiers
jours, je ne me souviens pas d'avoir eu la moindre indisposition. A la vérité je
suis dans un âge fort avancé, puisque le seizième de juin prochain j'aurai quatre-
vingt-deux ans complets. Mon ouïe commence à devenir dure, ma vue est extrê-
mement affoiblie, mais j'ai la poitrine bonne, la jambe ferme, et l'appétit autant
qu'il en faut pour mes deux petits repas journaliers. Je puis donc, ce semble,
espérer encore quelques années de vie, prest cependant à partir quand il plaira
au Seigneur. Ne vous alarmez plus désormais des nouvelles que des personnes
mal instruites vous apprendront de ma mort. Vous raisonnez juste quand vous
dites que si la chose avoit été vraie, votre mère, ou votre frère, ou tous les deux
ensemble n'auroient pas manqué de vous en informer. Adieu, souvenez-vous tou-
jours de nous dans vos prières, c'est ce que vous demandent votre mère, votre
frère, son épouse, leurs fils et moi qui suis votre affectionné père.
                                                     DE LA M O N N O Y E .

   Quand vous me priez d'écrire pour vous à M1' l'abbé Bouhier touchant une
station pour l'année prochaine, il semble, à en juger par la date de votre lettre
qui est du 30 décembre 1722 que vous souhaitiez une station pour la présente année
1723, mais les évêques ou leurs grands vicaires ayant à l'heure qu'il est disposé
il y a longtemps de ces stations en faveur des prédicateurs qui les ont sollicitées,