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— 570 — Falconnet. La date à laquelle elle fut faite explique sa facture, très différente de l'œu- vre plus connue de Chinard. Certains experts l'auraient attribuée volontiers à Fal- connet si le mémoire découvert n'avait été une preuve indiscutable de son origine. Nous relevons dans le Dictionnaire des Artistes et Ouvriers d'art de la France (Lyonnais), de M. Audin et E. Vial, la notice suivante dans laquelle devront s'incorpo- rer les quelques observations qui précèdent : CHINARD (Joseph), sculpteur statuaire ; Lyon, xvui e -xix e s. Né à Lyon, le 12 février 1756 ; mort en la même ville, le 20 juin 1813. Joseph Chinard, fils d'ouvriers des plus modestes, après avoir appris le dessin à l'école gratuite que dirigeait à Lyon Donat Nonnote, peintre de la Ville, et passé quelque temps à l'atelier du sculpteur Barthélémy Biaise, partit pour Rome en 1784, grâce aux libéralités de l'un de ses protecteurs, le chevalier de la Font de Juis, ancien procureur du roi. Il y demeura jusqu'en 1787, et, pendant ce premier séjour en Italie, il se pré- senta, en 1786, au concours de l'Académie de Saint-Luc ; il y obtint, dans des condi- tions particulièrement brillantes et à l'unanimité de deux scrutins, le premier grand prix de sculpture, pour son groupe Persée délivrant Andromède. A la fin de l'année 1787, Chinard revint à Lyon et y épousa, l'année suivante, sa première femme, Antoinette Perret. En 1791, il retourne en Italie et y sculpte, particulièrement d'après l'antique ; bientôt il est arrêté et emprisonné au château Saint-Ange avec son ami et compagnon l'architecte'Rater : Chinard ayant modelé deux groupes dont l'un, le Génie de la Raison foulant aux pieds la Superstition, est jugé injurieux pour la Religion, et dénoncé à l'Inquisition. A la suite d'une interpellation du peintre David, Roland, alors ministre de l'Intérieur, intervient, par l'intermédiaire de sa femme, dit-on, et envoie tout exprès à Rome Hugou de Bassville, qui obtient promptement l'élargisse- ment de notre artiste et de son compagnon Rater ; ajoutons que Hugou trouve la mort à l'issue de ces négociations laborieuses. Rentré en France aussitôt après son expulsion de Rome — expulsion qui avait été le prix de sa libération — Chinard s'installe à Lyon ; mais il y est presqu'aussitôt l'objet de mille vexations mesquines, dénoncé aux comités révolutionnaires, arrêté le 17 octobre 1793 et enfermé aux Recluses. Sa libéra- tion a donné lieu à une légende qu'il serait utile de contrôler avec soin. Quoi qu'il en soit, Chinard, dont les sentiments s'exaltent, sollicite son enrôlement dans les milices républicaines qui s'organisent pour la première campagne d'Italie ; le 23 prairial an III, il reçoit d'Albitte ordre de rejoindre l'Armée des Alpes. Deux ans plus tard, le 24 prairial an IV, Chinard, qui, dès longtemps déjà , avait installé son atelier dans l'ancienne chapelle de Lorette, acquiert ce local des administrateurs du district. Il ? était alors à Constantinople, et c'est par l'entremise d'Aubert-Dubayet, ambassadeur de la Porte, que l'enchère fut portée. Dès lors, notre artiste, successivement membre, de l'Académie de Lyon, puis correspondant de l'Institut, jouit à Lyon et au dehors d'une grande popularité. Déjà , il est l'artiste officiel de la municipalité lyonnaise, l'organisateur désigné de toutes les fêtes populaires ; bientôt, il va devenir le statuaire