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 Lyon, trois bustes, dont celui, destiné à l'Académie de Lyon, de l'abbé Antoine de
 Lacroix, fondateur de la dite école et obéancier de Saint-Just. Le statuaire Chabry,
 dont la réputation avait été si grande, que cinquante ans après sa mort, le catalogue le
 qualifie encore de grand Chabry, figurait dans cette section avec une Assomption de la
 Sainte Vierge, Enfin, on y voyait également un portrait en cire par le fameux Curtius,
 ce prédécesseur de Grévin, dont le cabinet de poupées historiques, ouvert depuis
 peu de temps à Paris, dans le Palais Royal, était alors en pleine vogue.
      La section des dessins était particulièrement remarquable. On y admirait surtout
 deux études de Charles Boily pour son magnifique portrait gravé de Prost de Royer,
 qui devait être édité la même année par souscription publique, en reconnaissance des
services rendus à la ville par ce lieutenant général de police; sept dessins de J.-J. de
Boissieu, dont le Départ de la Montgolfière lancée aux Broteaux le 19 janvier 1784, qui
est aujourd'hui au musée de Lyon. De Greuze, peintre du roi, l'artiste le plus en vue à
cette époque, trois têtes d'étude dans un seul cadre. Du célèbre Hyacinthe Rigaud, le
peintre officiel de Louis XIV et qui avait passé quatre années de sa jeunesse en notre
ville, un portrait aux trois crayons du fabuliste La Fontaine. Nous ajouterons encore
une tête de Fleuve par Boucher, un croquis représentant une femme à mi-corps par
 Watteau et enfin six dessins à la gouache, fleurs et fruits, de feu Jacques, peintre du
 roi aux Gobelins.
      La section de gravure ne pouvait point ne pas être intéressante à une époque où
cet art touchait, en France, à son apogée. On y remarquait un portrait de Necker, le
ministre des Finances cher aux Lyonnais, gravé par le célèbre Augustin de Saint-
Aubin d'après une peinture de Duplessis ; une reproduction par le graveur lyonnais
J. Audran du magnifique portrait d'Antoine Coysevox, peint en 1720 par Hyacinthe
Rigaud ; deux œuvres nouvelles du célèbre graveur Charles Boily représentant, l'une,
le prévôt des Marchands Tolozan de Montfort, l'autre la comtesse de Beauharnais,
l'une des plus curieuses poétesses de cette époque et dont le souvenir s'est gardé
jusqu'à nos jours grâce aux fameuses épigrammes d'Ecouchard Lebrun.
                        Ebé belle et poète a deux petits travers
                        Elle fait son visage et ne fait pas ses vers.
      Notons enfin deux eaux-fortes de Jean-Jacques de Boissieu, les Marchands de
moutons et le Théâtre ambulant.
      L'exposition comprenait en outre une pièce d'orfèvrerie de Jacques, traiteur,
représentant la cathédrale de Strasbourg et, ainsi que nous l'avons déjà dit, cinq
échantillons d'étoffes en dorure catalogués sous le même numéro 85.
      Tel fut le premier salon des beaux-arts en notre ville. Certes la tentative était
bien modeste, elle n'eut d'ailleurs aucune suite et ce ne fut que bien plus tard, exacte-
ment cinquante ans après, en 1836, que la Société des Amis des Arts, fondée grâce à
l'intelligente suggestion de M. Rivet, préfet du Rhône, organisa les expositions an-
nuelles de peinture, sculpture et Å“uvres d'art, qui, sous le nom de Salon, se sont suc-
cédées presque sans interruption dans notre ville.
                                                                            E.L.