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de lui tous ceux de ses compatriotes qui, sans se soucier des opinions de
leurs collaborateurs, rêvaient d'affranchir leur ville de la tutelle parisienne
et d'en faire un centre intellectuel indépendant. « Lyon d'abord »! fut
la devise de la phalange qu'il sut réunir et dont il fut l'âme, le lien... et
l'imprimeur. Ne réalisait-il pas déjà notre « Union sacrée » ce jeune direc-
teur qui associait pour l'œuvre commune les abbés Dauphin et Pavy à
P.-A. Martin déporté d'Avril ?




      Léonard, dit Léon Boitel, était né, le 26 octobre 1806, à Rive-de-
 Gier où son père, Simon Boitel, exerçait la profession de pharmacien.
De Rive-de-Gier, après la naissance, en 1809, d'un second enfant —une
fille — Simon Boitel vint s'installer à Lyon où il ouvrit une pharmacie
au n° 22 de la rue Lafont. En 1817, les Indicateurs le domicilient « rue
Lafont. Hôtel du Nord ».
      Le jeune Léon Boitel suivit les cours du collège de Lyon où il eut
notamment pour camarades Jules Janin, le peintre Pétrus Perlet et Hippo-
lyte-Paul Jayr, plus tard préfet du Rhône et pair de France. Lorsqu'il
eut terminé ses études classiques, il entra, bien malgré lui, dans l'officine
paternelle pour y faire son apprentissage. Bien malgré lui certes, car il
rêvait d'être poète, et la carrière littéraire l'attirait invinciblement.
      Il y débuta tout jeune, peut-être avec un vaudeville, le Mari à deux
femmes qu'il fit jouer aux Célestins et qui fut imprimé en 1826. C'était
la mode alors et les jeunes Lyonnais qui ambitionnaient la gloire litté-
raire s'efforçaient d'abord de la conquérir sur la scène. Le directeur des
 Théâtres de Lyon était à cette époque Alexis Singier qui, encourageant de
 son mieux les jeunes auteurs du crû, monta sur la scène des Célestins
 123 vaudevilles au cours de la saison 1823-1824. Mal lui en prit du reste ;
 les nombreuses pièces que lui apportaient les débutants n'étaient pas
 toutes, à beaucoup près, des chefs d'œuvre et souvent elles étaient vigou-
 reusement sifflées. Les auteurs s'en prenaient aux acteurs qu'ils rendaient
 responsables de leur insuccès, et la guerre éclata entre les vaudevillistes