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avec la dernière rigueur, et, de plus, ils étaient exigés en numéraire au
lieu de l'être en nature comme le voulait la loi ; les particuliers et les villes,
n'ayant pas d'argent liquide disponible, étaient contraints de s'adresser
aux innombrables agents d'affaires romains, qui, ou bien leur prêtaient
des capitaux à des taux invraisemblables, ou bien exigeaient la livraison
des objets d'art ou des produits de l'industrie locale à un prix naturelle-
ment très inférieur à la valeur réelle. L'importation, à ce moment, est
sous la dépendance de l'organisation financière des provinces, et on ne
peut la considérer isolément. L'administration officielle, qui aurait dû
protéger l'industrie locale jadis florissante, prêtait la main à ces violen-
ces : chacun des membres qui composaient l'entourage du gouverneur
était plus ou moins mêlé à ces trafics, et il était bien rare que le pro-
consul, lorsqu'il quittait la province, n'emportât pas une cargaison d'objets
précieux 30.
     Ce sont les traits de cette politique que nous voudrions faire revivre,
en prenant pour exemple l'Asie, que nous connaissons, à ce point de vue,
mieux que tout autre pays, grâce à la correspondance de Cicéron et au
séjour que lui-même fit en Cilicie.




     Trois catégories de personnes étaient mêlées à ces combinaisons
financières :
     i° L'entourage du gouverneur ;
     2° Les publicains ;
     3° Les negotiatores, qui entraient directement en rapport avec les
provinciaux et traitaient les affaires commerciales. Examinons en détail
ces trois personnels au moment du proconsulat de Cicéron en Cilicie ;
nous verrons comment tous, ou presque tous, ont des intérêts dans les
mêmes affaires.

   (ao) Il faut pour ne le point faire avoir, d'après Cicéron, une singulière vertu : Summa integritate
continentiaque. (Cic. Ad Q, I, i, a).