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— 375 — avec la dernière rigueur, et, de plus, ils étaient exigés en numéraire au lieu de l'être en nature comme le voulait la loi ; les particuliers et les villes, n'ayant pas d'argent liquide disponible, étaient contraints de s'adresser aux innombrables agents d'affaires romains, qui, ou bien leur prêtaient des capitaux à des taux invraisemblables, ou bien exigeaient la livraison des objets d'art ou des produits de l'industrie locale à un prix naturelle- ment très inférieur à la valeur réelle. L'importation, à ce moment, est sous la dépendance de l'organisation financière des provinces, et on ne peut la considérer isolément. L'administration officielle, qui aurait dû protéger l'industrie locale jadis florissante, prêtait la main à ces violen- ces : chacun des membres qui composaient l'entourage du gouverneur était plus ou moins mêlé à ces trafics, et il était bien rare que le pro- consul, lorsqu'il quittait la province, n'emportât pas une cargaison d'objets précieux 30. Ce sont les traits de cette politique que nous voudrions faire revivre, en prenant pour exemple l'Asie, que nous connaissons, à ce point de vue, mieux que tout autre pays, grâce à la correspondance de Cicéron et au séjour que lui-même fit en Cilicie. Trois catégories de personnes étaient mêlées à ces combinaisons financières : i° L'entourage du gouverneur ; 2° Les publicains ; 3° Les negotiatores, qui entraient directement en rapport avec les provinciaux et traitaient les affaires commerciales. Examinons en détail ces trois personnels au moment du proconsulat de Cicéron en Cilicie ; nous verrons comment tous, ou presque tous, ont des intérêts dans les mêmes affaires. (ao) Il faut pour ne le point faire avoir, d'après Cicéron, une singulière vertu : Summa integritate continentiaque. (Cic. Ad Q, I, i, a).