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droit, en accordant l'extradition de Vernègues, de le faire escorter par ses
troupes et de le faire échapper avant d'arriver aux confins de la république
italienne, que par ce moyen vous sauviez le Pape de la colère de la Russie,
sans vous relâcher sur un droit qu'il importait à la France de conserver, et
qui est aussi essentiel à la tranquillité des nations, lorsque quinze jours
auparavant il avait seulement écrit que vous demandiez un acte qui
constatât ce droit et qu'on parlerait ensuite sur le sort du prisonnier.
      « Le cardinal légat donne pour raison de sa réticence ou ommission
i° l'espoir d'obtenir votre réponse par écrit ; 2° que mes instructions me
donneraient la mesure de vos intentions qui m'auraient fait agir lentement.
      « Cette affaire bien douloureuse pour Sa Sainteté, qui aurait si bien
terminé sans cette négligence impardonnable, était finie ; on ne pensait
plus aux calamités qu'elle amènerait que pour espérer que vous sentiriez
leur dévouement pour votre personne, lorsque la dépêche tardive du car-
dinal Caprara a jeté Sa Sainteté dans une attente qui lui sera bien affligeante,
si vous n'adhérez pas à la prière qu'il vous fait de lui renvoyer Vernègues
de Turin, afin qu'il puisse le renvoyer en Russie. Elle est convenue d'après
l'évasive que vous avez trouvée pour le tirer d'affaire que vous croirez
digne de vous le projet qu'il vous propose et que vous lui donnerez la con-
solation de faire connaître à l'Europe le cas que vous faites de ses recom-
mandations ».
     Avec l'ex-évêque d'Autun, son ministre, il glisse sur sa défense, sans
paraître la croire urgente ; pour un peu il gémirait plutôt sur l'insensibilité
des confidents de la Malmaison, sur leur imprévoyante discrétion, empê-
chant la clémence napoléonienne de ressortir son effet immédiat, l'ayant en
conséquence forcé lui-même à des efforts surhumains auxquels ne répon-
dront plus les résultats qui ne seront pas payés du prix de la victoire. « Ce
n'est que par le courrier d'hier, mande-t-il le même jour, le mercredi 16
mai, qu'au chef de l'Etat, Mgr le cardinal légat a communiqué au cardinal
secrétaire les instructions secrètes du premier consul ; ce retard est cause
que l'extradition a eu lieu ; si vous m'aviez fait savoir l'instruction du
premier consul, exprimée au cardinal légat, je n'aurais pas insisté avec tant
de chaleur-}maintenant, faute de cette précaution, nous ne sommes plus en
mesure ».