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  nécessaires pour l'armement de ses flottes ». Law en fit la place d'armes
  de la Compagnie d'Occident d'abord, puis de la Compagnie des Indes ;
  il commença par en exclure les bâtiments de la marine royale, puis répara
  les chantiers, en créa de nouveaux sur les bords du Scorf ; de grands et
  vastes magasins voûtés et couverts d'ardoises furent construits, une cor-
  derie et une mâture furent installés et tout fut combiné pour la plus grande
 commodité des vaisseaux, qui abordaient devant les magasins, y déchar-
 geaient leurs cargaisons et recevaient immédiatement celles dont ils de-
 vaient à nouveau être emplis. A cette vaste organisation venaient s'ajouter
 de nombreux bureaux et une salle de ventes où les produits de la Compa-
 gnie étaient dès leur arrivée offerts au public afin d'éviter les frais onéreux
 du magasinage.
       Cependant la spéculation qu'avait poussée follement les actions de
 Law commençait à devenir inquiète, les gros porteurs de billets se mettent
 à réaliser dès les premiers mois de 1720. Law comprit toute l'étendue
 du péril, il fit défense aux particuliers de garder plus de 500 livres en
 or ou argent, par arrêt du 27 février. Le 5 mars, il impose aux actions le
 cours de 9.000 livres en billets contre lesquelles elles pouvaient être immé-
 diatement échangées. La 11 mars parut la déclaration annonçant que la
monnaie d'or n'aurait plus cours à partir du I er mai et la monnaie d'argent
à la fin de 1720. Le 22 mars il ferme la rue Quincampoix. La chute cepen-
dant s'accélérait, le 21 mai, un arrêt réduit le prix des actions à 8.000
livres et annonce qu'elles seraient ensuite dans la période du I er juillet
au I er décembre diminuées de 500 livres par mois, pour arriver à cette
dernière date au cours de 5.000 livres. On sent qu'à ce moment Law perd
complètement pied, l'émeute de la rue gronde, les denrées haussent, en
vain réduit-il la valeur nominale des billets et révoque-t-il le 3 juin son
arrêt sur la valeur du numéraire en monnaie ; le 21 juillet la banqueroute
est totale et Law s'enfuit dans ses terres d'où il partit en Belgique en dé-
cembre.
      Suivant Lémontey (1) les billets de banque se montaient alors à
3.070.930.400 livres, les autres effets étaient évalués à 3.200.000.000,

   (1) Histoire de la Régence, loc. cit., p. 346.