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     Au verso du titre se voit un avertissement au « lecteur bénévole » et à
la « gentille lectrice » et cet avertissement est également signé Pétrus Borel.
     Cette contrefaçon, comme beaucoup d'ouvrages de ce genre, est
insipide et sans style. Tout porte à croire cependant qu'elle a été plus
souvent lue que l'ouvrage authentique, et qu'elle n'a pas peu contribué
à parfaire la réputation d'immoralité de l'honnête Pétrus.

                                      E]


     Enfin, dernière injustice, Jules Janin, dans un article des Débats,
assimile Madame Putiphar aux Å“uvres du marquis de Sade ! On se demande
par quelle aberration ? Janin n'avait-il jamais lu Justine, ou, plus vraisem-
blablement n'avait-il pas coupé les pages du roman de Borel ? Le souvenir
du cruel marquis s'était-il déjà imposé à son esprit à la lecture du livre
précédent de Pétrus, Champavert, contes immoraux} Certes, il y a dans
les contes assemblés sous ce titre beaucoup de sang, d'égorgements,
d'infanticides, de poitrines crevées, de ventres étripés, de victimes
disséquées, de cadavres au fond des puits. Mais quelle tendre fillette n'a
lu, à la veille de sa première communion, un autre livre où les enfants
sont poignardés par demi-douzaine et mis à la broche, où sept femmes sont
successivement égorgées pour avoir voulu regarder dans une armoire?
Les histoires de Pétrus Borel sont moins amères, plus mal écrites, mais
tout aussi anodines que les contes de Perrault.

                                     il
     Car tout porte à croire que Borel fut d'un naturel pacifique, comme
Viterbi,
                       Viterbi le vieillard
       Homme doux dont le bras ne poignarda personne.
                                               (Rapsodies, p. 29).
et, bien que le frontispice de son volume de vers le montre assis à une
table, les bras demi-nus, « le temporal orné du bonnet de Phrygie » et con-