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déclarant qu'il savait tout, Apocaucos lui répondit que, personnellement, il
ne faisait aucun cas de tous ces racontars. Que ne pouvait alors la calomnie ?
N'était-il pas obligé lui-même de se réfugier à Epibates ou à Manganes ?
Cependant, s'il avait un conseil à lui donner, — car Gavalas n'avait pas de
forteresse comme lui pour se mettre à l'abri — c'était de faire don de son
immense fortune, pour ne point exaspérer la cupidité bien connue de l'im-
pératrice. Puis, par des tiers, il fit avertir Anne que Gavalas distribuait ses
biens pour tenter une révolution en faveur de Cantacuzene. Et, la laissant
toute à sa colère, il partit lui-même, sous un prétexte quelconque, pour
Hieron. Gavalas, ne sachant quel parti prendre, privé des conseils d'Apo-
caucos et s'attendant d'un moment à l'autre à la mort, se réfugia dans Sainte
Sophie et y revêtit l'habit monastique. C'est alors qu'Apocaucos revint.
Comme par hasard, il s'arrêta sur son passage à Sainte-Sophie et, y trou-
vant Gavalas; il déplora bien haut la perte qu'il faisait en lui comme gendre
et promit d'intervenir en sa faveur auprès de l'impératrice. Peu de temps
après, en effet, il le faisait envoyer au monastère de la Vierge Très Sainte,
puis jeter en prison, sous le prétexte d'avoir tenté de s'enfuir.
      Apocaucos était ainsi tout puissant. Et cependant sa fin était proche.
Les revers se précipitaient : son fils Manuel, gouverneur d'Andrinople, lui
faisait défection, Momitzil était tué, les Turcs réussissaient de nouveau à
seconder efficacement Cantacuzene. Ce dernier était maître de la Thrace
presque tout entière I et s'apprêtait à marcher sur Byzance. Apocaucos se
vit perdu. A Byzance, on se permettait de douter de la victoire, on discutait
ses volontés. Il mit alors le régime de la terreur à l'ordre du jour et tenta de
rétablir une situation désespérée.
      Il ordonna la levée en masse. Pour se procurer de l'argent, car le Trésor
était vide, il essaya, mais en vain, de percevoir des droits de douane élevés,
en installant un contrôle à l'entrée de la mer Noire. Puis il demanda au
Conseil de décréter un prélèvement sur les grosses fortunes ; on se moqua
de lui. Alors, se voyant acculé, il n'eut plus qu'une pensée : sauver sa vie à
tout prix, sinon, entraîner dans sa chute le plus grand nombre de ses com-
plices.

   i. Cz.III,8o.