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      Il en est un, incontestable, que nous pouvons formuler ainsi :
      « Il s'est opéré vers la fin du xm e siècle et au début du XIVe un progrès
considérable dans l'art de fabriquer le papier, et ce progrès a eu les consé-
quences les plus heureuses pour le développement de la civilisation ».
      Rapprochons en effet deux séries de faits qui se sont produits à la
fin du XIIIe et au début du XIVe siècle :
      D'une part :
      Apparition du papier dit « de chiffe » a6 , début du collage à la géla-
tine, apparition des filigranes (de simples lettres d'abord, puis des noms
de papeteries).
      D'autre part, dans un ordre d'idées différent, mais se rapportant au
même objet :
      Création de moulins à papier au nord de la Loire (Essonnes, 1340 ;
Ville-sur-Saux, 1348 ; Troyes, 1349).
      Edits royaux pour exempter d'impôts « les choses indispensables
aux études, comme le papier et les livres » (1340).
      Usage du papier de plus en plus répandu (tous les usages privés,
lettres closes, missives, cédules, minutes, registres de notaires, comptes
de chancellerie, notes financières, travaux des écoles, des universités,
etc.) partout où il n'était pas indispensable d'assurer au document une
durée illimitée, enfin les livres au xve siècle.
      Tout ceci prouve bien que le papier répondait dès lors à tous les
usages qu'on lui demandait comme prix et qualité, qu'on en produisait
de plus en plus.
      Il est facile de voir pourquoi il en fallait de plus en plus.
      Une évolution, presque une révolution, s'était opérée dans une partie
de l'Europe et particulièrement en France dans la deuxième moitié du
xm e siècle, au point de vue social 27, intellectuel et matériel. Les arts
(littérature, architecture, enluminure, etc.) brillèrent d'un vif éclat, l'Uni-
versité de Paris était pleine de maîtres éminents qui attiraient des disciples
de tous les pays de l'Europe. Beaucoup plus de gens sachant lire, écrire,
voulant s'instruire, il fallait de plus en plus de papier, il en fallait aussi
pour toutes les nouvelles administrations que créait chaque jour l'autorité
grandissante du pouvoir royal.