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— 352 — Comment aurait-on pu aux xne et xm e siècles, en Occident, fabriquer du papier avec une matière de provenance lointaine, aussi rare, aussi volumineuse et, par conséquent, aussi incommode à transporter, aussi coûteuse, donnant des produits fort médiocres, alors qu'on trouvait sur place des chiffons de lin et de chanvre, que ces substances à vil prix donnent du papier d'une telle qualité que rien encore de nos jours n'a pu les remplacer ? Aurait-il aussi été bien facile de fabriquer des feuilles de papier de coton pur avec les procédés de cette époque ? Ce papier se serait-il conservé jusqu'à maintenant ? Ce sont des points qui paraissent fort discutables. Toutefois, personne n'avait émis de protestation contre cette vieille croyance, jusqu'en 1884. A cette date, M. Briquet de Genève fit le pre- mier connaître la vérité. Nous sommes heureux d'adresser ici un sincère hommage à ce savant dont les remarquables travaux ont rendu les plus signalés services à l'histoire du papier et le placent au premier rang de ceux qui l'ont entreprise. Il publiait le 29 octobre 1884, dans le Journal de Genève, une note « la Légende du papier de coton » qui était repro- duite ensuite dans le Bulletin du bibliophile, d'octobre-novembre 1884. Il donnait les résultats de 14 analyses de papiers anciens et mettait en doute l'existence du papier fait avec du coton, ce terme ne désignant selon lui que son apparence extérieure. Combattu par M. le professeur Paoli l8 , il faisait une étude plus complète et publiait en 1886 dans les Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France (t. XLVI) un ouvrage intitulé Recherches sur les premiers papiers employés en Occident et en Orient du xe au XIVe siècle. Nous allons analyser rapidement cet ouvrage qui le premier a solu- tionné la question. M. Briquet rappelle tout au long la théorie admise du papier de coton et du papier de chiffe, les recherches des anciens paléographes, les difficultés qu'ils rencontraient pour différencier les deux sortes de papier ; il émet ensuite des doutes sur cette croyance, il fait voir que les mots de papyrus bambycyna, papyrus bambagina, charta cuttunea, s'expliquent par le sens de papier de tissu, comme nous le démontrerons plus loin, les premiers en utilisant la langue vulgaire,