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— 392 — Ce sont ces richesses accumulées, et les produits de ces belles manu- factures qu'il s'agit d'avoir à très bon compte, sinon pour rien : car il ne faut pas l'oublier, tout financier romain se double d'un importateur, et le numéraire n'est qu'une partie de l'apport de l'Asie à Rome. Voyons dans le détail comment on parvenait à ce but. Le point de départ, croyons-nous, de la méthode d'exploitation est la transformation que les publicains, au mépris de la loi, font subir à l'impôt. Les impôts en Asie étaient divers : outre ceux qui étaient mis en adjudication à Rome par les censeurs (impôt sur les pâturages, scri- ptura; douane, octroi et péages, portoria, et la dime des récoltes, decuma), et qui étaient compris sous le nom général de vectigalia, nous avons pu dresser la liste des autres impôts payés par les Asiatiques et dont il n'était pas question aux adjudications de Rome : C'était : i° le vectigal praetorium, don gratuit et droit d'usage, en faveur du nouveau gouverneur ; pour donner une idée de son importance, la ville de Salamine, dans l'île de Chypre avait à elle seule à payer un vectigal praetorium un peu supérieur à 106 talents, c'est-à -dire, environ 2 millions 850.000 serterces Io8. 20 Impôt pour se libérer du cantonnement des troupes en hiver : l'île de Chypre payait de ce chef 200 talents, c'est-à -dire 5 millions 375.000 sesterces environ I09. 3° Les tributa qui offrent les trois caractères suivants : 1. Ils sont fixés par chaque gouverneur ; 2. Ils sont mis en adjudication dans la province, ce qui les place naturellement entre les mains de la société financière qui possède le monopole de fait dont nous avons parlé ; 3. Ils ont pour base de répartition les cités. Ces impôts auraient été de deux sortes : capita, impôt strictement personnel, réparti sur toutes les têtes ; ostia, impôt fondé sur les fortunes IID. (108) Le chiffre se déduit très aisément de l'examen du texte Au. V, 21, où le vectigal praetorium sert à acquitter une autre créance des Salamiens. (109) Civitates locupletes, ne in hiberna milites reciperent, magnas pecunias dabant, Cyprii talenta attica CC. (Au. V, 21). (110) Nous avons essayé d'établir ces points dans l'article cité des Mél. de l'Ec. fr.