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       Or, il faut absolument établir avec les pays étrangers des rapports
  d'échange aussi stables que possible. Le temps n'est plus où les doctrines
  d'écoles s'affirmaient avec intransigeance, il ne s'agit plus d'être libre-
  échangiste ou protectionniste pur, mais de prendre dans chacune de ces
  thèses ce qu'elles ont de bon et d'en tirer les éléments utiles pour assurer
  notre restauration d'abord, notre prospérité ensuite. On reconnaît aujour-
  d'hui que la stricte application des doctrines du libre-échange absolu
  ne peut guère se concevoir pour un pays donné, sans la suprématie
 industrielle ; cette suprématie pourrait à la rigueur être limitée à un certain
 nombre d'industries permettant au pays de se passer de la protection,
 puisque la prospérité d'une notable partie du travail national procure
 alors des ressources communes à l'ensemble de la production. Faute de
 cette suprématie, une protection douanière est nécessaire pour empêcher
 l'industrie nationale d'être écrasée par la concurrence étrangère.
       D'autre part, on s'accorde à peu près à reconnaître les dangers d'un
  protectionnisme excessif. Nous avons parlé tout à l'heure du risque des
  représailles. On peut y ajouter le danger non moins grand d'endormir
  l'industrie nationale dans la routine.
       Il faut donc garder le juste milieu. Le meilleur moyen sera de procéder
  par voie de réciprocité, c'est-à-dire de concessions mutuelles. Or, cela
  nécessite des accords établis sur une documentation solide et sur une
  connaissance parfaite de la situation respective des divers marchés. Mais
 les choses qui paraissent les plus simples ne se font pas toutes seules ;
 toute action exige des études préliminaires, une organisation, la création
 des instruments ; c'est l'œuvre d'une volonté agissante, responsable,
 éclairée. Qui ne voit l'importance dans ce cas d'un grand centre industriel
 et commerçant tel que Lyon, habitué depuis longtemps à porter ses
 regards au delà de nos frontières et familier avec toutes les questions
 concernant l'exportation? Pour ne citer qu'un cas récent, croit-on par
 exemple que si les Lyonnais avaient pu se faire entendre avant que ne
fût décidé le brusque relèvement des droits sur les vins espagnols, ils
n'eussent pas attiré l'attention du Gouvernement sur les conséquences
fâcheuses que cette mesure allait entraîner certainement en amenant
l'Espagne à tripler de son côté les droits sur certains articles français?