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  par le blocus continental, laquelle suppose que chaque peuple doit se
 suffire à lui-même. Or, chaque peuple a intérêt, non pas à tout faire,
  mais à faire principalement ce qu'il fait le mieux. Il faut donc revenir
 au régime de la liberté, sans brusquerie, mais par une transition sagement
 réglée. Pour pouvoir pratiquer les échanges indispensables à la prospérité
 de notre industrie, il faut ouvrir la France aux marchandises étrangères.
       C'est à l'effet d'assurer autant que possible le libre débouché de
 nos fabrications sur les marchés extérieurs que la Chambre de commerce
 insiste sur la nécessité des traités de commerce bien définis ; elle les préfère
 au traitement de la nation la plus favorisée. Elle obtint entièrement gain
 de cause en 1860, grâce aux efforts et à l'intelligente activité de son prési-
 dent d'alors, M. Brosset, qui fut un des artisans du traité de commerce
 avec l'Angleterre. En ouvrant à nos soieries le marché anglais, il compensa
la diminution du marché américain fermé par des droits prohibitifs.
 C'était un beau succès. Mais depuis, il fallut sans cesse revenir à la charge
pour conserver le terrain gagné.
      Cette ténacité est un des traits qui sont l'honneur du caractère lyon-
nais. Un autre est l'indépendance courageuse avec laquelle les représen-
tants des intérêts économiques de la cité ont toujours parlé au Gouverne-
ment pour prendre la défense de ces intérêts lorsqu'ils les voyaient
menacés. Nous en avons un exemple remarquable dans l'intervention
de la Chambre de commerce, au moment où Napoléon, après l'écrase-
ment 4e la Prusse, sentant l'Angleterre dans toutes les résistances qu'il
rencontrait en Europe, venait de décider le blocus continental pour essayer
de l'atteindre dans les sources vives de sa richesse. On vit tout de suite
à Lyon les conséquences de cet acte.
      La Russie, où Lyon devait avoir au xxe siècle de si grands intérêts,
était déjà au début du XIXe, avec l'Allemagne, le débouché le plus
considérable de la Fabrique lyonnaise. La Chambre de commerce, s'adres-
sant à l'Empereur avec une liberté de langage à laquelle celui-ci n'était
pas accoutumé, ne craignit pas de lui donner des conseils pour sa politique
extérieure. Tout en enveloppant ces conseils des formules habituelles
de compliments au pouvoir et de protestations de soumission et de dévoue-
ment, elle exprime les craintes légitimes que lui inspire le blocus conti-