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— 99 — Au printemps de 1915, le roi Constantin renvoya brusquement du pouvoir, démissionna en d'autres termes M. Venizelos ; en même temps il procéda à la dissolution de la Chambre et chargea M. Gounaris de présider aux élections. M. Gounaris ne manque pas de valeur, c'est le seul qui tranche un peu sur la médiocrité des politiciens grecs, il est certainement très supérieur aux Lambros, aux Scouloudis, aux Zaïmis même qu'on a vu pendant l'absence de M. Venizelos défiler au pouvoir au cours des dernières années. Mais il serait peut-être exagéré de penser qu'il est très scrupuleux sur les moyens qu'il emploie : il n'est certes pas homme à s'arrêter à de vains soucis d'extrême loyauté électorale. Il fit donc les élections de son mieux, c'est-à -dire qu'il les fit énergiquement. Cependant ce fut une Chambre venizeliste que le corps électoral, malgré l'appui non dissimulé du roi, renvoya siéger rue du Stade. M. Gounaris lui-même fut élu à grand'peine et seul de sa liste à Patras. Le gouverne- ment n'eut vraiment de succès qu'en Macédoine, pays nouvellement annexé et où il n'y avait jamais eu d'élection, pays de population mêlée où les éléments turc et juif, travaillés par le préfet Gondas, marchèrent à fond avec les Gounaristes qui passèrent tous. Ce fut d'ailleurs un spec- tacle paradoxal de voir le consul de Turquie faire* les élections grecques à Salonique, ville cédée par la Turquie à la Grèce depuis moins d'une année. Le résultat fut qu'on put contempler le jour du vote le bataillon serré des Musulmans se rendant aux urnes sous la conduite des mufti et des ulémas pour voter avec résolution, sinon avec enthousiasme, pour les candidats chers au roi Constantin, le vainqueur de Sarandaporo et de Janina, le prince entre les mains de qui l'armée turque avait rendu Salonique. L'Orient n'est jamais, on le voit, à court de surprises pour l'observateur impartial. Il n'en est pas moins vrai qu'aux élections de 1915, le cas de la Macédoine resta isolé, et qu'en dépit de la pression électorale M. Gounaris fut battu à plate couture en Vieille Grèce. Cette Chambre venizeliste, nommée au printemps de 1915, fut dissoute à nouveau en novembre de la même année. On sait que le roi Constantin est le plus constitutionnel des souverains : il le montre en ne se lassant pas de se servir des moyens que lui fournit la constitution. Au moment fixé pour les élections la mobilisation avait eu lieu et les