page suivante »
— 528 — de fort vilaines affaires, n'« était-il pas son médecin ? »1. Mais Cantacuzène le prit de haut, et, bien qu'Apocaucos eût tenté perfidement de faire plaider la même cause par la mère du grand domestique, il éconduisit Apocaucos avec mépris. De ce jour, ce dernier décida de se séparer de Cantacuzène et, si nécessité il y avait, de le sacrifier à son ambition. Les circonstances allaient le servir. Le 15 juin 1341, Andronic III expirait. Apocaucos restait seul en face de Cantacuzène, bien décidé, quant à lui, à rester dans la légalité. Son parti fut vite pris. Cantacuzène refusait de se laisser proclamer empereur ; il ne pouvait escompter, un jour, jouer, à ses côtés, le même rôle que Cantacuzène avait joué auprès d'Andronic III : tous ses efforts devaient donc tendre à l'écarter, à se substituer à lui, et, si faire se pouvait, à devenir lui-même empereur. Tant il est vrai, comme l'écrit Nicéphore Gregoras, volontiers moralisateur, que « la fortune et la célébrité font perdre fatalement la raison, quand elles s'attachent à un homme qui en est indigne »2. II La mort d'Andronic III trouvait l'empire dans une situation critique. Le souverain laissait deux enfants en bas âge, Jean, qui avait neuf ans, et Michel, qui en avait quatre. La régence, d'après ses dernières volontés, devait appartenir à la mère des deux jeunes princes, Anne de Savoie, mais il lui avait solennellement recommandé, à son lit de mort, de s'en remettre à Cantacuzène, de rester toujours d'accord avec lui, si elle voulait son propre bien, celui de ses enfants et de ses sujets. Aussi, toute à sa peine, confia-t-elle au grand domestique et son fils et le pouvoir. «Et Cantacuzène fut réelle- ment maître du palais et de l'empire. Devant lui, tous s'inclinaient très bas et, dans le régent d'aujourd'hui, saluaient déjà l'empereur de demain » 3. Mais Apocaucos travaillait dès ce jour à sa ruine. Maladroitement, en effet, Cantacuzène, au lieu de reconnaître les qualités réelles d'Apocaucos, son esprit de décision et son sens de la réalité, et de les utiliser, le méprisait 1. Cz., III, 10. 2. N . Greg. XII, 4. 3. Ch. Diehl, op. cit., p . 254.