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— 535 — plus redoutable était Cantacuzène, et, s'il voulait se maintenir au pouvoir, il lui fallait nécessairement en triompher. Ne se sentant pas capable de s'opposer à lui comme général, il fit appel à toute son ingéniosité et il essaya de battre son ennemi plus par la diplo- matie que par les armes. Cantacuzène avait des alliés. Successivement, il les lui enleva : Guy d'Arménie, dès décembre 1341 ; puis Monomaque et Syna- dène, au début de 1342, et Constantin Paléologue, en mai de la même année. Pour le maintenir en Thrace, l'empêcher de s'emparer d'Andrinople et de marcher sur Byzance, il fomenta des révolutions, en soulevant la populace contre les riches, et réussit à acheter une partie de ses troupes. Alors lui- même prit le commandement d'une flotte de vingt vaisseaux, fit voile sur Thessalonique, puis marcha sur une ville nommée Gynécocastre et rejeta Cantacuzène en Serbie. Ce dernier n'avait plus alors avec lui qu'environ deux mille hommes et il était coupé de la mer et de Didymotique, défendue par sa propre femme Irène. Apocaucos marchait de succès en succès ; il n'avait plus qu'à se faire livrer Cantacuzène par le tsar de Serbie, Etienne Douchan, et à s'emparer de Didymotique. Aussi, quand il rentra à Byzance, fut-il reçu comme le sauveur de l'empire. Il était à l'apogée de sa gloire. Cantacuzène, toutefois, montrait la même énergie à se défendre qu'Apocaucos à l'exterminer. Comme Anne et Apocaucos avaient appelé à leur aide l'étranger, l'émir d'Aïdin, ainsi, lui-même, avait appelé le sultan turc de Nicée, Orchan, et, grâce à lui, il rentrait dans Dydimotique déblo- quée. Mais Apocaucos, sachant que sa défaite serait sa mort, redoublait d'ardeur. A force d'habileté, il faisait d'Etienne Douchan l'ennemi de Cantacuzène, qu'il ne parvenait pas, il est vrai, à faire assassiner. En avril 1343, alors que Cantacuzène commençait à posséder un assez grand nombre de places fortes à l'ouest et marchait sur Thessalonique, Douchan, à l'instigation d'Apocaucos, lui réclamait les troupes qu'il lui avait prêtées, et le contraignait ainsi à se replier sur Berrhoe. Apocaucos profitait de l'occa- sion. Il survenait par mer et tentait d'écraser Cantacuzène. L'un de ses lieutenants ravageait les environs de Berrhoe ; lui-même s'emparait de Platamon, l'unique ville maritime restée à Cantacuzène, et le coupait ainsi de l'Asie. Il répandait le bruit de sa mort chez ses alliés, essayait d'obtenir leur neutralité, ou, à tout le moins, de retarder leur arrivée. Il ne pouvait