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zène, il agit, cette fois, avec plus de sang-froid et moins de hâte, décidé à
compromettre irrémédiablement ses partisans et l'impératrice, et à empê-
cher à jamais le retour de Cantacuzène. Mais, pour ne point faire naître de
soupçons, il resta, en quelque manière, au second plan, « n'ayant l'air, dit
Grégoras, de n'être lui-même qu'un sous-ordre » l .
      En quatre jours, il forma une ligue puissante contre Cantacuzène. Avec
une connaissance profonde du cœur humain, il sut parler à chacun le lan-
gage qui convenait pour l'enchaîner à lui. Il commença par Jean d'Apri, le
patriarche. En grand secret, il lui révéla la volonté arrêtée de Cantacuzène
de le remplacer par Grégoire Palamas, son ami personnel. Jean d'Apri,
d'abord incrédule, finit par prendre peur et demanda conseil à Apocaucos.
Ce dernier se mit à son entière disposition, et, pour lui prouver son attache-
ment, lui offrit de marier l'une de ses filles à l'un de ses fils. Jean d'Apri
accepta. Apocaucos lui découvrit alors, en partie, ses intentions. Attaquer
ouvertement Cantacuzène, il n'y fallait pas songer, car il restait trop puis-
sant. Il fallait donc se ménager un allié capable de lui résister, et ce ne pou-
vait être que l'impératrice. A lui de la circonvenir; ce lui serait, du reste,
aisé, car Anne l'estimait et le savait dévoué à ses intérêts. Il ne devait
penser qu'au but : triompher et ne pas ergoter sur l'honorabilité des moyens
employés. Anne le croirait d'autant plus facilement que sa qualité de
patriarche la convaincrait de la sincérité de ses conseils. Par ailleurs, elle
n'exigerait aucune preuve de la culpabilité de Cantacuzène et la seule crainte
d'être dépouillée du pouvoir suffirait à la rallier à leur cause. L'appui
d'Anne acquis, les partisans afflueraient, car Apocaucos et lui auraient l'air
de se faire les champions de la cause de la légitimité. Jean d'Apri acquiesça.
      Apocaucos chercha alors d'autres complices. Il gagna, en premier lieu,
l'un des parents de Cantacuzène, Asan Andronic, au service duquel il avait
été autrefois, et à qui il promit de donner dans le gouvernement, la place
que lui valaient son intelligence et son expérience. Puis, successivement, il
s'attacha les deux frères d'Asan, Constantin Asan et Isaac Asan, grand duc,
ainsi que le grand drongaire3 Jean Gavalas, de retour d'une ambassade en

   i. N. Greg.XII, 10.
   3. Amiral en chef.
   Rev. Lyon.                                                             34