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 Serbie. Il lui confia que Cantacuzene prétendait avoir été trahi par lui et qu'il
 était décidé à se venger. Gavalas protesta de son innocence, mais Apocaucos
lui affirma par serment que c'était là l'exacte vérité, et, pour lui donner un
 gage certain de son affection, il lui offrit, car il le savait veuf, de lui donner
 en mariage l'une de ses filles. Et Gavalas se décida pour Apocaucos. Enfin,
 ce fut le tour du grand stratopédarque T Chumnos, qui, effrayé de savoir
 Cantacuzene lui retirer son amitié, se rallia au grand duc sans difficulté.
       Restait à gagner l'entourage immédiat de l'impératrice. Cette dernière
avait amené de Savoie plusieurs de ses compatriotes. Elle avait confié la
direction de sa maison civile à un certain Artotos et à sa mère Isabelle.
Apocaucos se les attacha, en leur révélant, toujours sous le sceau du secret,
que Cantacuzene, irrité de voir des étrangers occuper au palais des emplois
qui eussent dû être réservés à des Grecs, avait décidé, dès son retour, de les
embarquer tous sur le premier bateau en partance et de les renvoyer en
Savoie. Au surplus, afin de le convaincre de l'intérêt qu'il lui portait, Apo-
caucos offrait, une fois de plus, de donner sa fille en mariage. Il ne lui
demandait, à lui et à sa mère, qu'une chose : comme ils approchaient plus
souvent que tout autre l'impératrice, ils devaient essayer de la convaincre
habilement qu'elle n'avait pas de plus perfide ennemi que Cantacuzene.
      Ses acolytes recrutés, Apocaucos s'occupa sans tarder d'obtenir de
l'impératrice la destitution de Cantacuzene. Dès le 2 octobre, il avait pris
l'ascendant sur tous ; il réunit tous les conjurés et leur indiqua comment il
fallait procéder. Chacun devait aller trouver l'impératrice, à tour de rôle, et
la convaincre que Cantacuzene voulait déposséder Jean du trône impérial ;
pour le sauver, elle n'avait qu'une ressource, déclarer la guerre à Cantacu-
zene. Il envoya d'abord Asan Isaac, le grand duc, et son frère Constantin,
puis Artotos et sa mère, Chummos et, finalement, Gavalas. Mais Anne,
loin de les croire, entra dans une violente colère et les traita de calomnia-
teurs.
      En l'apprenant, Apocaucos, dans la crainte de voir Cantacuzene averti,
agit très énergiquement. Il dépêcha auprès d'Anne le patriarche. Celui-ci
commença par protester de son dévouement pour elle et pour son fils, puis

   1. Officier général, dont les fonctions ne sont pas très bien connues.