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faillit, cependant, le perdre. Il laissa complaisamment passer les Turcs pour
attaquer Cantacuzene de dos ; puis, profitant d'une maladie d'Anne, il
tenta d'enlever le jeune prince Jean et de l'emmener dans sa forteresse
d'Epibates, construite par lui aux portes de Byzance, abondamment pour-
vue de vivres et devant laquelle était toujours ancré un bateau prêt à le
transporter sur le continent voisin, en cas d'émeute. Il voulait marier Jean à
l'une de ses filles et contraindre l'impératrice à lui accorder les plus hautes
dignités ainsi que les villes et les provinces qu'il désignerait lui-même.
Mais l'un de ses complices le vendit; Cantacuzene, averti, le fit bloquer
dans Epibates, et, le 8 septembre, revenait à Byzance. Là, il le relevait de
ses fonctions d'amiral et décidait tout d'abord, avec Anne, de le tenir
éloigné des affaires publiques.
       Mais Cantacuzene ne pouvait rester longtemps à Byzance, car sa pré-
sence était nécessaire à la tête de l'armée de Thrace. Cédant à un sentiment
de générosité inexplicable, ou mieux, montrant une fois de plus sa faiblesse
de caractère et son indécision, il crut bon, pour apaiser ses ennemis, de
pardonner à Apocaucos, et il conseilla à l'impératrice de l'employer à nou-
veau. Le 28 septembre, après avoir fait jurer à l'impératrice et au patriarche
de ne point conspirer contre lui, mais sans en avoir pu obtenir autant
d'Apocaucos, Cantacuzene partit pour Sélembrie I. En passant devant
Epibates, Apocaucos se précipita pour le saluer, protesta de son repentir, et
se justifia ne n'avoir pas voulu prêter serment, en déclarant à Cantacuzene
qu'entre eux deux nul besoin n'était de serment, mais seulement d'une
promesse cordiale et sincère. Cantacuzene, ému, lui pardonna solennelle-
ment et l'envoya à Byzance saluer l'impératrice. C'était la dernière faute
qu'il put commettre.
       Le jour même, en effet, Apocaucos se jetait aux pieds d'Anne, dont il
obtenait aisément le pardon ; puis, fort hypocritement, il allait trouver la
mère de Cantacuzene, à qui il faisait un éloge lyrique de la grandeur d'âme
de son fils, affirmait son dévouement pour lui et pour sa famille et s'enga-
geait à le montrer par des actes, non par des paroles. Escomptant ainsi avoir
endormi l'affection vigilante et toujours inquiète de la mère de Cantacu-

   1. Cz, id.