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— 530 — faillit, cependant, le perdre. Il laissa complaisamment passer les Turcs pour attaquer Cantacuzene de dos ; puis, profitant d'une maladie d'Anne, il tenta d'enlever le jeune prince Jean et de l'emmener dans sa forteresse d'Epibates, construite par lui aux portes de Byzance, abondamment pour- vue de vivres et devant laquelle était toujours ancré un bateau prêt à le transporter sur le continent voisin, en cas d'émeute. Il voulait marier Jean à l'une de ses filles et contraindre l'impératrice à lui accorder les plus hautes dignités ainsi que les villes et les provinces qu'il désignerait lui-même. Mais l'un de ses complices le vendit; Cantacuzene, averti, le fit bloquer dans Epibates, et, le 8 septembre, revenait à Byzance. Là , il le relevait de ses fonctions d'amiral et décidait tout d'abord, avec Anne, de le tenir éloigné des affaires publiques. Mais Cantacuzene ne pouvait rester longtemps à Byzance, car sa pré- sence était nécessaire à la tête de l'armée de Thrace. Cédant à un sentiment de générosité inexplicable, ou mieux, montrant une fois de plus sa faiblesse de caractère et son indécision, il crut bon, pour apaiser ses ennemis, de pardonner à Apocaucos, et il conseilla à l'impératrice de l'employer à nou- veau. Le 28 septembre, après avoir fait jurer à l'impératrice et au patriarche de ne point conspirer contre lui, mais sans en avoir pu obtenir autant d'Apocaucos, Cantacuzene partit pour Sélembrie I. En passant devant Epibates, Apocaucos se précipita pour le saluer, protesta de son repentir, et se justifia ne n'avoir pas voulu prêter serment, en déclarant à Cantacuzene qu'entre eux deux nul besoin n'était de serment, mais seulement d'une promesse cordiale et sincère. Cantacuzene, ému, lui pardonna solennelle- ment et l'envoya à Byzance saluer l'impératrice. C'était la dernière faute qu'il put commettre. Le jour même, en effet, Apocaucos se jetait aux pieds d'Anne, dont il obtenait aisément le pardon ; puis, fort hypocritement, il allait trouver la mère de Cantacuzene, à qui il faisait un éloge lyrique de la grandeur d'âme de son fils, affirmait son dévouement pour lui et pour sa famille et s'enga- geait à le montrer par des actes, non par des paroles. Escomptant ainsi avoir endormi l'affection vigilante et toujours inquiète de la mère de Cantacu- 1. Cz, id.