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— 512 — selle, en France et à l'étranger, Les types romains sont remis en faveur ; on revient résolument aux « jenson », aux « aide » et aux « estienne » ; les « didot » reconquièrent l'opinion, et des graveurs ingénieux créent avec un vif succès des types nouveaux... ». Je ne voudrais pas faire à M. Marius Vachon l'injure de croire qu'il est — ou qu'il était — incapable de distinguer un elzévir d'un didot ; je préfère supposer qu'il n'a jamais ouvert les Inscriptions antiques de Lyon d'Alphonse de Boissieu (et non C. de Boissier) ; tout de même, c'était une imprudence : ce livre est tout entier composé en didot ! Quant à l'opinion de M. Vachon sur la résurrection des « jenson », des « aide » et des « estienne » qui, dit-il, « reconquièrent l'opinion contre les let- tres du xviie siècle », ces estienne, ces aides et ces jenson ce sont, ne lui en déplaise, encore des elzévirs, et combien plus anciens que ceux du xvne siècle ; ce n'est donc pas, comme il le croyait, contre « une mode de rétro- spectivité » que sefitla réaction des années qui suivirent 1871, elle l'aggrava. Et puis Perrin ne se contenta plus, bientôt, de ces élégantes lettres avec lesquelles il avait composé les titres de la Monographie de la Table de Claude et ceux des Inscriptions antiques ; bientôt il voulut avoir tout l'alphabet de bas de casse. Dessinés par lui, ciselés par Fugère, fondus par Rey sous la direction experte et attentive de leur créateur, les augustaux, particulière- ment les alphabets à figures, ornés et niellés, changèrent du tout au tout la physionomie du livre. L'idée de Perrin, en créant un nouveau type à une époque où, depuis plus de cinquante ans, les imprimeurs ne se servaient plus guère que de didots, didots pitoyables, d'ailleurs, et déformés à l'envi, l'idée de Perrin avait été de ressusciter les vieux types elzéviriens ; il expli- que cette pensée dans une lettre écrite au comte de Soultrait, le 20 février 1855: « Vous me demandez, Monsieur, par quel caprice je cherche à ressus- citer aujourd'hui des types du seizième siècle, et si j'ai conçu le fol espoir de les voir adoptés par nos contemporains pour la publication de leurs œuvres. Je vous.avoue que ce n'est pas là ma pensée, et je n'oserais peut-être pas les proposer pour éditer un Lamartine ; mais en est-il de même pour nos vieux écrivains, et ne seriez-vous pas disposé, Monsieur, à admettre une distinc- tion?