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— 507 — sonne n'a dit un mot », je me trompe. La Revue du Lyonnais, l'ancienne, sous la plume encore alerte de l'excellent Aimé Vingtrinier, lui consacra 43 lignes à la page 450 de 1865, et le Salut Public annonça, lui aussi, par 14 lignes, la mort du vaillant imprimeur de la rue d'Amboise. .C'est peut-être, Messieurs, pour justifier — j'allais dire pour excuser ce minimum d'hommage que, un peu à la manière lyonnaise, on enfla les éloges, sous prétexte de les faire lapidaires. On prononça officiellement les mots « inimitable », « illustre », comme on le fait aux funérailles des grands ; on exalta, selon la formule, les « qualités de cœur », on parla de générosité, d'amitié sûre et, comme s'il y avait des gens modestes, on parla aussi de modestie ; étalage de poncifs, formules pitoyables où, d'une cérémonie à l'autre, les noms seuls changent, et grâce auxquelles on s'acquitte à peu de frais des plus grandes dettes. Vous ne m'en voudrez pas, Messieurs, si, faisant figure de réparateur de torts, je viens vous parler de Louis Perrin. Tout de suite après la Grande Révolution, l'imprimerie se trouvait, à Lyon, passablement désemparée ; des nombreux ateliers qui y avaient fonc- tionné avant le 14 juillet 1789, douze avaient réussi à braver la terrible secousse ; à leur tête se trouvaient Ballanche et Barret : ils avaient continué, aux Halles de la Grenette, l'importante imprimerie d'Aimé de La Roche, passée en 1792 aux mains de son fils Vatar, puis à celles du sans-culotte Destéfanis, commis de l'imprimerie, qui avait dénoncé son maître au Co- mité révolutionnaire. Hugues-Simon Ballanche était un rude Franc-Comtois de ce pays de Morteau qui confine à la Suisse ; quant à Barret, il appartenait à une dynas- tie déjà longue d'imprimeurs lyonnais ; sa mère était la sœur de Jacquard, le grand mécanicien de la Fabrique lyonnaise. Ballanche et Barret tenaient depuis 1796 la maison De La Roche;en 1800, l'association devait ne plus durer bien longtemps ; il en était des sociétés, en ce temps-là , ni plus ni moins qu'aujourd'hui : on part la main dans la main, avec des intentions pures*et une bonne volonté que rien ne