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à une échelle bien moindre que les occupants, quadriges ou personnages.
L'esthétique l'obligeait à ne point garder les proportions réelles. S'il les
avait gardées, ceux-ci, presque imperceptibles, eussent tenu dans celui-là
une place infime et la piste aurait paru vide. Puisque le plan cavalier a
déformé en parallélogramme le double rectangle de la spina, il aurait dû
faire subir la même déformation au rectangle de l'arène et — pour ne point
parler de l'autre petit côté du cirque, qu'il faut supposer, ainsi que les
deux grands côtés, hors des limites du tableau — la bande des carceres
devrait être parallèle au petit côté de la spina, la double ligne blanche qui
coupe la piste devrait être perpendiculaire au grand côté de la spina. Afin
d'éluder ces conséquences, la première surtout, qui eût imposé au tableau la
figure disgracieuse d'un trapèze, le peintre s'est soustrait à l'unité du point
de vue. La spina et la course qui se développe autour d'elle sont vues d'un
point surplombant la droite du grand côté inférieur, ou droit par rapport aux
juges, lequel était le grand côté occidental de la mosaïque en place. Car
rappelons-nous que, selon le témoignage d'Artaud l et de Querville 3, le
grand axe était dirigé du nord au sud et, selon le témoignage de Delandine 3,
le petit côté où se voient les carceres situé au nord. Donc, « d'après le sens
général du tableau », comme parle Artaud, c'est-à-dire pour bien suivre le
développement de la course, « le spectateur » devait « avoir la face tournée
vers l'Orient » 4. Et il ajoute : « Il paraît que cette position appartenait à
l'entrée principale du lieu où était ce pavé, puisque l'on trouve vis-à-vis, et
à quelques pas de là, du côté du couchant, un petit carré de mosaïque qui
semble en avoir formé le péristile » (sic) 5. Mais Yoppidum, y compris le
piéton debout à la porte, est vu en perspective d'un point surplombant le
milieu du petit côté opposé, du petit côté sud. C'est pourquoi les poutrelles
horizontales qui désignent la galerie au dessus des carceres font deux grou-
pes symétriques et convergents de parallèles. Telles étaient, à coup sûr, les
« fautes de perspective » qu'Artaud, dans l'avertissement de sa monographie

      i. 1806, in-fol., p. i.
      2. Bulletin de Lyon, 1806, p. 175.
      3. Ibid., 1806, p. 83.
     4. Cf. Gay, ibid., p. 78 : « Pour regarder le tableau qui en fait le milieu, il faut avoir le visage tourné au
soleil levant, preuve certaine que la principale entrée de cet endroit était à l'occident ».
      5. C'est la mosaïque de la planche XIV bis.