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       Il n'était pas superflu de remonter jusqu'aux sources, je veux dire
aux archives municipales, afin de connaître exactement cette histoire de
l'acquisition. Les quelques lignes que lui consacre Comarmond sont rem-
plies de grosses erreurs : « M. Macors... ayant vendu cet emplacement à
un entrepreneur, en 1814, pour y élever des constructions, cet entrepre-
neur céda la mosaïque à la ville en 1815 » *. Artaud était mieux à même
que personne de savoir la vérité ; il ne l'altère pas, à proprement parler,
dans sa notice de 1835 2 , mais on y voudrait un peu plus de précision :
« M. Macors... A la mort de cet amateur distingué, la propriété fut vendue
et même divisée 3 ; le lot de la mosaïque échut en partage à un artisan qui
la vendit à un architecte. Celui-ci voulut la déplacer pour en faire un objet
 de spéculation. Le temple fut abattu. Déjà on procédait à l'exécution du
déplacement du pavé ; mais, comme alors on ne connaissait pas les procé-
 dés de M. Belloni, la Ville craignit un essai infructueux et, partant, la
 perte de ce précieux monument ; elle proposa un bénéfice à l'architecte et
le marché fut conclu ». Outre les dates et les noms propres, ce que cette
 narration nous laisse ignorer, c'est que, si la Ville intervint au dernier
 moment, elle avait longtemps refusé d'intervenir, et qu'un homme joua
 un rôle considérable dans toute l'affaire, soit spontanément, soit, hypo-
 thèse beaucoup plus probable, à son instigation à lui Artaud, le préfet de
 Bondy. Une note rédigée par le même Artaud 4 en 1821, mentionne ce
 rôle, mais d'une façon inexacte : « Déjà le temple venait d'être abattu,
 lorsqu'un préfet passionné pour les arts, M. le comte de Bondy, employa
 tout son crédit pour en faire faire l'acquisition au conseil municipal ». Le
 comte de Bondy n'attendit pas la démolition du temple pour s'intéresser à
 la mosaïque et tâcher d'y intéresser le conseil municipal ; il employa non
 seulement tout son crédit, mais aussi les pouvoirs que lui conférait la loi,
 pour en faire faire l'acquisition. Disons le mot qu'Artaud n'a pas osé dire :
 il l'imposa.
     1. Description..., p. 686. De là l'erreur de Steyert, Nouvelle histoire de Lyon, I, p. 263, et du Catalogue
sommaire des Musées de Lyon, 1887, p. 133, n° 9 = 1899, p. 304, n ° n : «Acquise en 1815 ».
     3.P.55-
     3. Inexact, nous l'avons vu : le lot III se sépara du lot VI, mais non par une vente qui n'avait pas raison
d'être.
     4. La minute sans date de cette note est à la bibliothèque de l'Académie de Lyon, M 301, fol. 517-518.
Elle fut écrite, lorsque la mosaïque Michoud était déjà posée, lorsque la mosaïque Cassaire ne l'était pas
encore, c'est-à-dire dans les derniers mois de 1831 ou les premiers de 1833.
     Rev. Lyon.                                                                                      30