page suivante »
— 395 — accroissent indéfiniment la somme ; et leurs versements ne couvrent plus que les intérêts des sommes en retard, la totalité de l'impôt restant à recouvrer II6 . Alors entre en scène le negotiator, soit qu'il agisse au nom d'un capi- taliste romain, soit qu'il opère en son propre nom : il offre de prêter de l'argent aux cités, et, naturellement, à des taux extraordinaires. La cité, que les publicains tracassent, en butte à des réquisitions officielles qu'il n'est pas en leur pouvoir d'éviter, préfèrent devoir de l'argent à des parti- culiers : c'est plus onéreux mais moins dangereux. Et peu à peu chaque cité d'Agie devient la proie d'un financier romain : voyons seulement les créances qu'a Pompée : en Cappadoce, une grosse créance due par le roi Ariobarzanes ; Pompée est en nom dans cette affaire. Sous le nom de Cluvius de Pouzzoles, il a des créances sur les villes de Mylas, d'Alabada d'Héraclée, de Bargylète, de Caunium. Il a aussi des particuliers comme débiteurs, par exemple un certain Philoclès d'Alabada qui lui a donné hypothèque sur ses biens "7. Brutus, dont nous avons vu les procura- tores tout-puissants, tient l'île de Chypre. Or, toutes ces villes sont manu- facturières, toutes ont des temples, des bâtiments publics où reposent les trésors des ancêtres : il faut vendre tout cela et vendre à vil prix puisque le créancier, qu'il soit l'agent des publicains ou le procurateur de Brutus, veut de l'argent. Si le prêteur est friand d'objets d'art, si le gouverneur accepte des statues à la place du vectigal praetorium, à son départ le vaisseau se chargera d'une cargaison ; ou, de Rome, le bailleur de fonds enverra une équipe, comme faisait Caelius, pour faire l'expédi- tion. Sinon, il faudra s'adresser aux negotiatores de moindre envergure, aux comptoirs romains d'importation, à cette armée d'aventuriers de toute espèce dont certains passages de la correspondance dessinent la singulière silhouette. Ainsi, du plus grand au plus petit, tous les hommes d'affaires romains, y compris le personnel des publicains, le gouverneur et son entourage ont partie liée : (116) A son arrivée en province, il est dû aux publicains le lustre en cours, plus un reliquat du lustre précédent. (Au. VI, 2.). (117) Fam. XIII, 56. Rev. Lyon. 25