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— 393 — Mais ces impôts auraient peut-être été supportables si l'on avait suivi, du moins pour les principaux d'entre eux, le principe de la contri- bution en nature. L'impôt proportionnel à la récolte n'est pas écrasant puisqu'il suit les variations de la production ; mais les publicains ne se souciaient pas de subir le contre-coup de ces oscillations, et partout ils avaient substitué le régime des pactiones, au régime des contributions en nature. De là , à notre avis, tout le mal. Les publicains, avant la récolte, amenaient les cités à un contrat, pactio, dressé en forme, par lesquelles les cités se reconnaissaient débitrices d'une certaine somme d'argent, indépen- damment de l'abondance plus ou moins grande des récoltes : le contrat stipulait des intérêts, en général usuraires, en cas de non-payement à la date fixée. C'était changer profondément la nature de l'impôt : de réel il devenait personnel : il se transformait en une capitation exigible malgré les désastres de la culture ou les ravages de la guerre. Ces pactiones, dont l'influence sur l'activité industrielle se révélera comme très importante, n'étaient pas des contrats légaux ; il eût fallu qu'ils fussent prévus dans la lex censoria, cahier des charges qui accompa- gnait chaque adjudication d'impôts faite à Rome par les censeurs. Il ressort clairement d'un passage de la grande lettre à Quintus sur le gouvernement de l'Asie qu'ils sont au contraire en opposition avec elle. Cicéron après avoir indiqué à son frère les moyens par lesquels on peut rendre moins odieux aux provinciaux l'espèce et le nom de publicains, lui dit : « Tes conseils et ta prudence leur pourront faire paraître le reste plus agréable. Ils pourront en concluant les pactiones considérer moins la lex censoria que l'agrément de terminer un embarras et la délivrance d'un ennui I11 ». Il faut donc que les provinciaux perdent de vue la lex censoria pour conclure les pactiones, contrats illégaux. Du reste, ce qui le prouve mieux encore, c'est qu'ils avaient le droit de s'y refuser. Nous en avons un exemple par une lettre de Cicéron adressée à P. Silius Nerva, propréteur de Bithynie et du Pont. Nous y apprenons que Cicéron, très lié avec P. Terentius Hispo, promagistro ( m ) ... Poterunt iis consilio et prudentia tua reliqua videri mitiora, Possunt in pactionibus faciendis non legem spectare censoriam, sed potius commoditatem conficiendi negotii et liberationem molestiae, (Ad. Quint. I» i» 35).