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 des plus éveillés, Consalvi n'eut aucun repos avant d'avoir dissipé ces
nuages embrumés et lourds de foudre ; il n'épargna ni ses excuses, ni
ses explications ; il avoua sa confusion, il reconnut sa méprise d'avoir
trop peu compté sur la générosité consulaire, ayant douté que la rigueur
ne serait pas le dernier mot du procès ; de bonne grâce il eût détourné les
reproches sur sa tête et il se serait offert pour que les coupables soient
indemnes ; toutefois il eut la prudence de vouloir que les pièces récentes,
d'où le malentendu était né, fussent placées sous les yeux du consul ;
la lumière serait ainsi complète, nulle arrière-pensée, nul préjugé ne
subsisterait plus. Caprara fut, à cause de son titre même, désigné pour
transmettre le pli ; la fameuse épître du 15 mai en était le morceau capital.
Ce fut du reste, je m'imagine, l'unique vengeance que son collègue tira
de lui et des ennuis où l'avait jeté ce vieillard, rompu à tous les dessous
de la diplomatie, au cours de ses nonciatures de Cologne et de Vienne,
mais désabusé, fatigué, convaincu que trop de zèle complique les choses
et irrite les hommes, plutôt qu'il n'allège les événements.
      Un souhait, une prière aventurée peut-être, mais touchante dans la
circonstance, sous les grondements de l'orage, achevait de témoigner que
la réconciliation était déjà considérée comme conclue ; on en escomptait
le gage le plus sensible et l'on demandait que le captif, gracié et dans les
fers, soit restitué au Saint-Siège, qui réaliserait le désir de Bonaparte
et se conformerait très fidèlement au plan qu'il avait tracé ; des deux
parts tout froissement disparaîtrait. La démarche avorta ; mais pendant
son séjour aux Tuileries, sept mois plus tard, Pie VII qui ne se considérait
pas comme dégagé, dont la compassion veillait toujours, sollicita de vive
voix la libération de son protégé ; un refus eut été outrageant ; elle fut
octroyée. Mais avant de suivre Vernègues après sa sortie et dans ses
nouvelles pérégrinations européennes, il n'est pas hors de propos d'ana-
lyser certains dossiers de police assez volumineux sur son compte, sur
ses faits et gestes dans le donjon célèbre d'où la Convention avait emmené
Louis XVI à l'échafaud et la reine à la Conciergerie.
     Il n'y aurait risque de se tromper que d'une façon bien légère, en
plaçant l'arrivée de Vernègues à Paris juste vers le milieu du mois de
juin ; au billet du général Menou prévenant le grand juge que le corres-