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pondant de la famille royale, accusé de trahison contre la République,
avait été remis entre ses mains, ce haut fonctionnaire avait répondu,
sans délai, dès le commencement de prairial, et lui avait énuméré les pré-
cautions urgentes pour le transfert d'Italie en France '7. A maintes reprises,
Régnier avait reçu des renseignements sur l'ex-officier provençal et il
n'ignorait pas quelles préventions, conçues depuis longtemps, avaient dé-
terminé son arrestation. Au cours de l'année précédente, 1803, il lui avait
été dénoncé plusieurs fois, notamment le 2 juillet, où l'on signalait son pas-
sage dans le comté de Nice, et le 29 du même mois, où on suivait sa piste à
Livourne. S'il était loisible de plaisanter dans une histoire aussi peu gaie
que celle-ci, nous dirions volontiers que le nouveau venu considéra comme
un devoir d'élégance de ne pas tarder à déposer dans les antichambres
ministérielles sa carte de visite ; il écrivit, dès le 20 juin, à son Excellence
Régnier, le futur duc de Massa, le 3 juillet à M. Desmarets, conseiller
d'Etat, chargé de la police générale de l'Empire ; il attend de l'équité
de celui-là une rapide solution de son procès ; il rend grâce à celui-ci
d'avoir autorisé qu'il ne soit plus au secret et il réclame quelques adoucis-
sements au régime commun des pensionnaires de l'établissement que sa
santé délicate supporte mal.
      Sa comparution et son interrogatoire devant ce personnage, le plus
important des collaborateurs de Fouché, furent retardés jusqu'à la veille
du 15 août et le prévenu, entre deux gendarmes, du Temple au quai
Malaquais, traversa les rues pavoisées et les quartiers populaires en liesse,
pour la première fête donnée en l'honneur de l'Empereur. Serait-il très
invraisemblable d'imaginer que dans ce trajet, au milieu de la foule enthou-
siasmée, il lui revint à la mémoire la tentative qu'il avait autrefois essayé
d'amorcer, afin de gagner Napoléon à la cause du prétendant et de rattacher
ses victoires et sa fortune au drapeau blanc ? Il ne pouvait l'avoir oublié ;
de toute sa carrière, c'était l'événement capital. Au cours de l'été 1797, en
effet, rencontrant à Rome Nicolas Clary, qu'il avait connu à Milan et dont
la sœur avait épousé Joseph Bonaparte, alors ambassadeur au Quirinal, il
s'était servi de son intermédiaire pour entrer en relations avec son beau-
frère et proposer au général en chef de l'armée d'Italie les conditions avan-
tageuses d'un ralliement à la maison des Bourbons, Louis XVIII avait été