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 fort médiocre ; mais ne dévoilent-ils pas aussi des traits de caractère
 bons à retenir chez celui qui conçut et fabriqua l'échafaudage, tels que
 le penchant à l'ostentation, un zèle peu proportionné entre l'effort et le
 résultat, le mauvais goût de provoquer la louange sur ses succès et son
 zèle.
       Un peu de romanesque agrémentera encore cette narration et nous
 abandonnerons volontiers la parole à l'éminentissime archevêque de Lyon
 transformé en geôlier provisoire :
       La remise de l'emprisonné dans le formidable mausolée d'Adrien,
que son stratagème de substitution d'état-civil n'avait pas sauvé, fut
conclu pour le I er mai (mardi n floréal) et le départ fixé à n heures de
nuit. Il est incroyable combien dans cet intervalle de vingt-quatre heures
et guère plus, il se dépensa à l'ambassade de mouvement et d'activité ;
il était essentiel de ne rien abandonner à l'imprévoyance, au désordre, à
l'improvisation de la dernière minute. Le cardinal commença par rédiger
et par confier au second secrétaire de la légation, Théodore Hédouville,
qu'il avait préposé à l'expédition, des ordres précis et une consigne ample-
ment commentée ; ils ne remplissent pas moins de quatre pages in-40
de papier grand format.
      L'attaché, nanti de la bienveillance de son patron, aura sous la main
une escorte composée d'officiers et de soldats des troupes pontificales,
qui ne le quitteront pas avant la frontière, près la Catholica. « Il se rendra,
porte le manuscrit, ce soif vers dix heures au château Saint-Ange, avec
une voiture dans laquelle monteront ensuite avec lui le dit Vernègues et
quatre officiers ; deux autres militaires seront aussi en dehors devant la
voiture, qui sera de plus escortée par six dragons à cheval. Il engagera
de tout son pouvoir les officiers à faire ce voyage avec toute la diligence
que pourra comporter la santé du prisonnier ; dans le cas cependant où
on aurait lieu de craindre que la trop grande fatigue l'exposât à tomber
malade, il serait nécessaire de ralentir la marche et même de la suspendre,
si les circonstances l'exigeaient ».
      Sur les formalités de l'échange, le rédacteur n'est pas moins prolixe
ni sa vigilance moins en éveil. Le commandant d'armes de Rimini a été
averti ; il se rendra aux limites des deux territoires de l'Etat de l'Eglise