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de l'école florentine, pièce, à mon avis, remarquable, a été donnée à 2.050 francs.
Deux grandes peintures Judith et Salomé, de l'école de Tiepolo, 600 francs.
      Cette vente, qui a produit 300.000 francs, aurait dû atteindre un plus gros
total ; mais, outre le malaise général, le moment était mal choisi, beaucoup de Lyon-
nais se trouvant absents à cette époque de vacances (c'était pendant la Semaine
Sainte). De plus, les pièces vendues, objets de collection pour la plupart, n'inté-
ressaient qu'un nombre restreint d'amateurs. Pour les tableaux, il est regrettable
de constater une fois de plus combien l'éducation du public est rudimentaire.
      Très brillante fut la vente des livres provenant de la bibliothèque de M. de M...,
décédé. Les prix réalisés (plus de 140.000 francs) dépassèrent toutes les prévisions.
Il est vrai que les ouvrages étaient d'une fraîcheur exceptionnelle et presque tous
reliés vers 1820 par les grands relieurs de l'époque : Simier, Bozérian, Thouvenin,
Muller, Bogetti, etc. Aussi les libraires de Paris s'étaient-ils déplacés et hélas! ils
ne l'ont pas fait en vain, car ils ont acheté les plus belles pièces. Ce n'est pas sans un
sentiment de tristesse qu'on voit partir ces livres qui, réunis par un Lyonnais,
auraient dû demeurer en partie à Lyon. Il en est ainsi, hélas! de beaucoup de
choses, Paris recueille tout ce qui est beau : meubles, bibelots, tapisseries ou
tableaux. Depuis quelques mois, particulièrement, il s'est vendu quantité d'objets
rares et précieux, et on peut prévoir que d'ici quelques années la plupart des beaux
objets de notre ville et des environs aura disparu pour toujours de la région
lyonnaise. Qu'y faire?..
      Pour en revenir à la vente des livres, donnons quelques prix. Un recueil des
œuvres de Bonaventure des Périers, Lyon, par Jean de Tournes, 1544, reliure de
 Bauzonnet, a fait 2.805 francs. Les Essais de Montaigne, Amsterdam, 1659, reliure
 de Bozérian, 1.310 francs. Les Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse, 1723,
 relié au armes de M m e Sophie, 4.550 francs. La Folle journée de Beaumarchais,
Paris, Ruault, 1785, reliure de Thouvenin, 3.520 francs. Cérémonies et coutumes reli-
gieuses, par Bernard-Picart, 1723-1743, 3.000 francs. L'Europe illustrée de Dreux
 du Radier, Paris, Odieuvre, 1755-1765, 2.450 francs. Les Fables de Dorât, 1773,
 deux tomes en un volume, 2.260 francs. Œuvres poissardes de Vadé, Paris, 1796,
 avec une reliure moderne, 3.150 francs. Å’uvres du cardinal de Bernis, Paris, 1825,
 reliure de Simier, 3.050 francs. Poésies et Messéniennes de Casimir Delavigne,
 Paris, 1824, reliure de Bogetti, 1.355 francs. Å’uvres de Rabelais, Paris, 1824, reliure
 de Dauphin, 1.720 francs. Å’uvres de Regnard, Paris, 1822, reliure de Simier,
 2.100 francs. Å’uvres de Jean-Jacques Rousseau, Paris, 1825, 2.245 francs. Lettres
 de Mme de Sévigné, Paris, 1823, reliure de Dauphin, 4.680 francs. La Henriade, de
 Voltaire, Paris, 1825, reliure de Héring et Muller, 1.400 francs. Les Fleurs armoriales
 consulaires de Lyon, par Chaussonnet, Lyon, 1779, 1.250 francs.
       Une vente de tapis persans a eu beaucoup de succès, je m'excuse de citer des
 noms barbares et qui ne sont familiers qu'aux amateurs. Ceux-ci ne sont pas
 légion, c'est dommage, car un beau tapis est vraiment une œuvre d'art. Souhaitons
 que cette vente ait donné le goût du tapis aux Lyonnais qui, malheureusement, n'ont
 pas l'occasion d'en voir asses souvent.
    Rev, Lyon.                                                                    18