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    UN DAUPHINOIS EN SILÉSIE EN 1808

      Après l'éclatante et décisive victoire d'Iéna, Napoléon, pour avoir les mains
libres sur le continent et tourner son effort contre l'Angleterre, fit répondre par
Duroc aux négociateurs prussiens, MM. de Lucchesini et de Zastrow, qui, à Char-
lottenburg, demandaient un armistice et la paix, que la Prusse lui abandonnât, avec
les lignes de la Vistule, les places fortes de Silésie, sinon il allait, disait-il, les conqué-
rir en quelques jours. C'Ă©tait Ă  la fois un gage et aussi une monnaie d'Ă©change :
désireux de faire cesser les armements de l'Autriche, en Galicie, contre un soulève-
ment possible des Polonais, il se proposait de lui offrir la Silésie contre l'abandon
de ses droits sur la Pologne qui pourrait dès lors être reconstituée. L'œuvre de Fré-
déric II — conquêtes et partages —, était abolie par l'empereur des Français,
 protecteur des Peuples.
      Les deux négociations échouèrent. Il lui fallut conquérir la Silésie. Sous les
yeux d'une Autriche attentive et malveillante, un seul régiment français, le 13e de
ligne, quelques escadrons de cavalerie légère, encadrant des troupes auxiliaires peu
sûres de Wurtembergeois et de Bavarois, enlevèrent, sous les ordres du prince
Jérôme et du général Vandamme, dans une offensive vivement et ingénieusement
 menée, les places successives de l'Oder (fin de 1806).
      Dès lors commença un régime d'occupation qui devait durer jusqu'en 1808.
A cette date, les affaires d'Espagne et la capitulation de Baylen mettaient l'Empereur
dans la nécessité de dégarnir le centre de l'Europe occupée, pour concentrer ses
efforts dans la péninsule. Sans espoir de s'attacher l'Autriche, il essaya, toutefois,
au cours d'une entretien conciliant avec Metternich, de s'assurer sa neutralité pen-
dans les quelques mois qui lui paraissaient nécessaires pour terminer la guerre
d'Espagne. Quant à la Prusse, cédant à la diplomatie patiente du prince Guillaume,
frère du roi, et surtout aux exigences de la situation, Napoléon consentit à
Ă©vacuer la Prusse en entier, sous condition de paiement d'une somme de 140 mil-
lions, moitié en argent ou lettres de change, moitié en titres sur les domaines terri-
toriaux de la Prusse. Il conservait toutefois des troupes dans trois places fortes de
l'Oder : Glogau, Stettin et Custrin. Les Français évacuèrent donc la Silésie : ce
fut le commencement du crépuscule impérial.
      L'occupation d'un territoire ennemi n'était pas seulement réalisée par l'armée,
mais aussi par l'administration civile. Elle déléguait des fonctionnaires de choix,
qui prenaient le titre d'intendants. La Silésie, après là victoire du prince Jérôme,
fut divisée à cet effet en départements, et le Dauphinois Edouard Mounier fut, en
mars 1807, envoyé en Silésie par l'Empereur comme Intendant général du dé-
partement de Glogau.