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— 239 — C'est de vieux parchemins ; c'est l'étain des miroirs où les siècles se voient vieillir mélancoliques ; c'est chaque reliquaire et toutes les reliques que l'on garde au fond des tiroirs ; C'est ce qui fut murmure et n'est plus que silence : le ruisseau desséché, les nids déserts du val, les brises du passé, le jeune Perceval heurtant les chênes de sa lance, Les glas de nos aïeux qui tintèrent jadis, mais dans la piété des cœurs encore tintent, chaque angélus muet dans chaque cloche éteinte, O cloches de la ville d'Ys ! C'est tous les mots dont le chapelet fait l'Histoire : — « Quand ils seraient pendus aux cieux, nous les aurons! Nos gens batailleront ; nous, les femmes, prierons ; Dieu, lui, donnera la Victoire ! » C'est les voix dans le vent dont se fait la teneur de ce drame éternel qu'est la France : c'est l'âme de ses « communiqués » : C'est son : « Sachez, Madame, que tout est perdu, fors l'honneur ! ». C'est : « On n'enchaîne pas la fortune de France! » « Porte ni cœur, sans coup férir, ne s'ouvre aux doigts! » « A tout regard, marche où tu peux, meurs où tu dois! » « Point de paix, qu'au bout de la lance ! » Tous nos « panaches blancs » et cris de ralliement : « Ailleurs ? jamais ! » — « Nous maintiendrons! » — « A la mort chante! » « Endurer pour durer! » C'est la voix trébuchante qui meurt, disant : « Jésus!.. Maman!.. ». C'est tous les fiels qu'ont bus, et toutes les absinthes, ceux qui sont morts criant : « France vive à jamais! » les cris du cœur ; les voix qui parlent en français : les voix, ô Jeanne, de tes Saintes : « Chevauche hardiment ! Prends toujours tout en jeu ! Aie un cœur tout français sous ta cotte de maille ! Fais bon visage! et du martyre ne te chaille ; tu t'en viens chez Messire Dieu ! »