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       Fesch prit congé sans fixer aucune date pour continuer cet entretien ;
 le lendemain il recevait à sa table le cardinal Consalvi, qui lui communiqua
 une dépêche du cardinal Caprara, révélant des dispositions plus favorables
 chez Bonaparte et insinuant qu'il se déciderait à traiter directement avec
 la Russie et à garantir le Vatican de tous reproches et de toutes représailles.
       Le 8 pluviôse, notre plénipotentiaire reprenait le chemin du Quirinal
 et de vive voix le secrétaire d'Etat, « tout effrayé », lui énuméra les conclu-
 sions arrêtées après l'entrevue de l'avant-veille ; elles n'étaient guère
conformes à ses prévisions. La demande du cabinet parisien n'était pas
formellement écartée, mais les conditions d'ajournement, telles qu'elles
étaient libellées, en renvoyaient l'issue à une date lointaine et douteuse.
       Si longue et peut-être si monotone que soit la lecture de propositions,
auxquelles tant d'objections furent opposées, elles méritent de n'être pas
 seulement analysées, mais d'être intégralement reproduites. Les voici
 telles que nous les empruntons au document cité quelques lignes plus
haut :
       « On me signifia qu'on était décidé :
       « i° A ne pas remettre le prisonnier avant la réponse à une lettre ulté-
rieure qu'on-expédierait en Russie par un courrier extraordinaire, qu'on
écrirait que Sa Sainteté était décidée à remettre le prisonnier, qu'on appuie-
rait cette résolution par raison de droit que tout coupable doit être puni,
que le Pape n'avait pas le droit de le faire, qu'ainsi M. Vernègues fut-il
Russe d'origine, il devait être livré à la puissance envers laquelle il s'était
rendu coupable.
      « 2° Si la réponse à sa première lettre assurait Sa Sainteté que l'Empe-
reur ne prenait point de part dans cette affaire, on remettrait le prisonnier.
       « 3° Que s'il arrivait que la Russie demanda de le mettre en liberté, on
n'aurait point d'égard à cette demande, fut-elle accompagnée de menaces.
      « 4° Que si la Russie s'obstinait dans sa secontle réponse à ne pas
accéder à la résolution expresse du Saint-Père, qui consent à remettre
le prisonnier, et que néanmoins elle ne donnât pas la preuve évidente
de son innocence (ce que Sa Sainteté regarde comme impossible, puisque
le gouvernement français atteste qu'il a les preuves du délit) le prisonnier
serait livré.