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se rendit à Nice, où il séjourna jusqu'à l'entrée des Français, opérée sous
les ordres du général Anselme, dans la nuit du 28 au 29 septembre 1792.
Les émigrés, pour la plupart, avaient fui à la hâte en Piémont -, le gentil-
homme aixois et les membres de sa famille furent hospitalisés par la
princesse de Carignan qui leur offrit un asile dans un de ses domaines
ruraux. Mais le séjour n'y fut pas de longue durée ; le comte de Provence
avait décidé d'établir à Gênes un représentant officiel de sa cause, un
surveillant actif à la porte de cette frontière méridionale ; M. le marquis
de Marignane, ancien premier consul d'Aix, beau-père de Mirabeau,
désigné pour cette mission, demanda au chevalier de s'associer à lui et
de travailler sous ses ordres. Toutefois, à peine formée, il fallut supprimer
l'agence, et Vernègues alors s'attacha au ministre d'Espagne, M. de la
Huerta, qu'il servit pendant deux ans ; cette période écoulée, il passa
dans les bureaux de la légation de Russie ; son chef était M. Lizakewitz,
avec lequel il ne cessera, jusqu'à la veille de son arrestation, d'entretenir
les meilleurs rapports : on fixa son traitement annuel à 150 ducats de
Hollande, transformés en pension viagère, qui ne lui furent jamais suppri-
més. Ce fut aussi vers cette époque-là qu'il ouvrit une correspondance
régulière avec le comte de Lille, sous le couvert de ses secrétaires successifs
M. Flachslanden, M. de la Vauguyon et M. de Saint-Priest. Il tient lui-
même, dans le document autobiographique que nous analysons, à déclarer
que ses communications ne comportèrent que des statistiques sur l'état
des pays qu'il habitait, sur la situation des affaires en général, plus parti-
culièrement sur les secours, l'assistance morale et pécuniaire qu'il se
plaisait à rendre à ses compatriotes réfugiés, dont la situation de fortune
était souvent des plus misérables. Ce genre de dévouement était son
principal souci ; il évitait avec soin de chercher à soulever ou à agiter
l'intérieur de la France ; ses principes, comme son tempérament, du moins
il l'assure, tenaient son attention « éloignée de toutes ces scènes d'horreur
et de désolation, où les intrigants seuls se tirent d'affaire ».
       Mais il semble que le pauvre émigré provençal ait été condamné par
le sort à ne jamais poser longtemps sa tente au même endroit ; soit à cause
de sa santé délicate, soit plutôt à cause des intrigues auxquelles il est plus
ou moins mêlé, ses déplacements sont perpétuels ; il parcourt l'Italie en