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tout sens ; après Gênes, on le rencontre successivement à Florence, d'où
notre ministre Cacault l'oblige à s'éloigner, à Lucques, à Rome pendant
l'ambassade de Joseph Bonaparte, à Naples, où il reviendra souvent, à
Palerme pour se rapprocher de la reine Marie-Caroline ; de là, il remonte
à Livourne sur une frégate anglaise, revoit Turin, où il s'abouche avec
le général Willot, un des agents les plus actifs du parti royal ; il redescend
en Toscane et arrive dans la capitale de l'état pontifical, au moment où
Pie VII, élu à Venise, prend possession de Saint-Jean de Latran et du
Quirinal. Avec l'envoi de ses notes régulières, destinées aux hôtes de
Mirtau, il s'occupe de finances et veille aux intérêts de Louis XVIII et
surtout de son neveu le duc de Berry. Quoiqu'il soit lui-même fréquem-
ment à court de viatique et forcé d'emprunter à des bourses mieux garnies
que la sienne, il a souci de la cassette princière et s'applique à l'alimenter
de quelques fonds. Le prétendant vient d'être expulsé de l'asile dont
l'empereur de Russie refuse de lui continuer l'usage ; le malheureux exilé
et sa nombreuse suite sont à la merci de certains juifs, usuriers prêteurs,
qui lui ont avancé de l'argent sur ses bijoux et sur ceux du duc et de la
duchesse d'Angoulême. D'un autre côté, ce zélé serviteur de la monarchie
sait que Willot est détenteur de sommes importantes, déposées entre ses
mains par l'Angleterre, en prévision de projets de soulèvements qui n'ont
jamais abouti ; il espère en détourner une partie au profit de leur maître
commun ; il s'efforce de persuader l'ex-fructidorisé de l'opportunité de
la mesure ; il multiplie ses instances ; mais il échoue et se voit réduit à
recueillir simplement quelques fonds en souffrance chez des banquiers
dont la bonne volonté est aussi mince que le crédit peu solide ; il réunit
à peine une dizaine de mille de francs et constate avec désolation que
plus du double de cette somme demeurait perdu. La réussite fut moins
médiocre dans ses négociations avec la cour des Deux-Siciles pour qu'elle
s'acquittât, entre ses mains, des arriérés de la pension spontanément
offerte par elle au duc de Berry ; il parvint à retirer un premier acompte
de 60.000 francs qu'il s'empressa d'envoyer immédiatement à son corres-
pondant alors à Vienne. On se promettait sans doute de puiser encore à
la même source ; mais dans ses conversations avec le fameux ministre
Acton, le mandataire se convainquit que la générosité napolitaine n'irait