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— 217 — tout sens ; après Gênes, on le rencontre successivement à Florence, d'où notre ministre Cacault l'oblige à s'éloigner, à Lucques, à Rome pendant l'ambassade de Joseph Bonaparte, à Naples, où il reviendra souvent, à Palerme pour se rapprocher de la reine Marie-Caroline ; de là , il remonte à Livourne sur une frégate anglaise, revoit Turin, où il s'abouche avec le général Willot, un des agents les plus actifs du parti royal ; il redescend en Toscane et arrive dans la capitale de l'état pontifical, au moment où Pie VII, élu à Venise, prend possession de Saint-Jean de Latran et du Quirinal. Avec l'envoi de ses notes régulières, destinées aux hôtes de Mirtau, il s'occupe de finances et veille aux intérêts de Louis XVIII et surtout de son neveu le duc de Berry. Quoiqu'il soit lui-même fréquem- ment à court de viatique et forcé d'emprunter à des bourses mieux garnies que la sienne, il a souci de la cassette princière et s'applique à l'alimenter de quelques fonds. Le prétendant vient d'être expulsé de l'asile dont l'empereur de Russie refuse de lui continuer l'usage ; le malheureux exilé et sa nombreuse suite sont à la merci de certains juifs, usuriers prêteurs, qui lui ont avancé de l'argent sur ses bijoux et sur ceux du duc et de la duchesse d'Angoulême. D'un autre côté, ce zélé serviteur de la monarchie sait que Willot est détenteur de sommes importantes, déposées entre ses mains par l'Angleterre, en prévision de projets de soulèvements qui n'ont jamais abouti ; il espère en détourner une partie au profit de leur maître commun ; il s'efforce de persuader l'ex-fructidorisé de l'opportunité de la mesure ; il multiplie ses instances ; mais il échoue et se voit réduit à recueillir simplement quelques fonds en souffrance chez des banquiers dont la bonne volonté est aussi mince que le crédit peu solide ; il réunit à peine une dizaine de mille de francs et constate avec désolation que plus du double de cette somme demeurait perdu. La réussite fut moins médiocre dans ses négociations avec la cour des Deux-Siciles pour qu'elle s'acquittât, entre ses mains, des arriérés de la pension spontanément offerte par elle au duc de Berry ; il parvint à retirer un premier acompte de 60.000 francs qu'il s'empressa d'envoyer immédiatement à son corres- pondant alors à Vienne. On se promettait sans doute de puiser encore à la même source ; mais dans ses conversations avec le fameux ministre Acton, le mandataire se convainquit que la générosité napolitaine n'irait