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      La troisième raison, car il en faut beaucoup, il les faut toutes, pour
se permettre de refuser une pareille offre, est d'ordre supérieur, ce n'est
rien moins que la raison d'état! « Le roi le pourrait trouver encore plus
mauvais, en tant qu'il semblerait que cette ville se voulait conformer et
esgaler à celle de Berne et autres qui sont érigées en république souve-
raine, lesquelles nourrissent par ostentation les bêtes qu'elles ont pour
armoiries ».
      Or Lyon n'a point cette sotte vanité ; on ne fait pas de folies chez
nous ; encore une fois, on est plus pratique.
     Enfin — et c'est la péroraison —, les conseillers font appel aux bons
sentiments du gouverneur « qu'ils ont toujours cogneu très affectionné
au bien de ladite ville », et ils le prient de mettre tout cela en considération
« et de les tenir pour excusés » (i).
     Mandelot se paya-t-il de ces raisons ? Crut-il vraiment au danger
que sa bête pourrait faire courir à la royauté ? C'est douteux. En tout
cas, en homme qui connaît son monde, il n'insista pas et se débarrassa,
comme il put, de son lionceau.
     L'esprit sérieux de nos pères avait écarté le danger ; Lyon demeurait
indemne. Oncques ne parla-t-on de ladite bête... Et voilà pourquoi
notre bonne ville n'a pas encore sa cage aux lions !
   (i) Arch. Mun., BB 113,
        f° 135 v.
                                                             A. SACHET.