Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                   — 169 —
besoins d'une population qui augmentait tous les jours, D'ailleurs ces
maisons étaient de luxueuses habitations qui ne pouvaient convenir qu'à
de riches négociants, à de notables bourgeois. La question de l'agrandisse-
ment de Lyon n'avait donc point encore trouvé sa solution et le Consulat
conservait à ce sujet toute l'acuité de ses préoccupations.
      Il peut paraître curieux, aujourd'hui, que l'autorité municipale de
cette époque n'ait jamais envisagé que le développement de la ville à
l'intérieur de la presqu'île, sans songer à la développer sur la rive gauche
du Rhône. La raison en est que les terrains de la rive gauche étaient pour
la plus grande part la propriété personnelle de l'Hôtel-Dieu qui possédait
également les deux seuls bacs reliant la ville aux Broteaux en amont
du pont de la Guillotière, soit vis-à-vis l'hôpital, soit en face du
couvent des Cordeliers. Il semble bien que le rapport de ces bateaux
ait hypnotisé messieurs les recteurs de l'Hôtel-Dieu au point de leur
faire méconnaître la valeur des terrains qu'ils possédaient. On les voit
en effet, en 1750, décider, pour augmenter le produit de ces bacs, de
défricher les broussailles, de niveler ces terrains sablonneux pour les
recouvrir de terre végétale, et d'y planter des mûriers et des ormeaux
pour y attirer un grand concours de personnes par l'agrément de la pro-
menade. La dépense s'élève à la somme considérable pour cette époque
d'environ 60.000 livres.
      Aussi, lorsqu'en 1764 Morand, qui avait réalisé une belle fortune
dans l'entreprise du quartier Saint-Clair, présente à l'administration de
l'Hotel-Dieu un plan d'agrandissement de la ville à l'est sur la rive gauche
du Rhône, celle-ci s'empresse-t-elle de le refuser. Et cependant combien
merveilleux, génial, prophétique ce plan conçu par Morand et présenté
par lui sous le nom de Projet de plan général de la ville de Lyon et de
son agrandissement en forme circulaire. C'est véritablement le point
de départ du Lyon moderne. Toutes les idées qu'il présente ont été
reprises et développées plus tard et même encore de nos jours par la com-
mission du plan d'extension, et on peut dire que le projet de Morand fut
l'embryon non seulement de notre ville actuelle mais encore du Lyon
futur, de celui que verront nos petits enfants.
      Morand limitait la ville à l'est par un canal de cent pieds de large
   Rev. Lyon.                                                          11