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et leurs interprètes. Qu'on lise la Célestinade ou la guerre des auteurs
et des acteurs, le poème héroï-comique où le Lyonnais Kauffmann — lui
aussi vaudevilliste — a drôlement conté les péripéties de ce conflit qui
dura toute une année et que Singier finit par apaiser.
      Le jeune Boitel ne s'était pas spécialisé dans les pièces à couplets,
il écrivait et publiait des vers, en 1825, dans les Tablettes historiques et
littéraires de la Ville de Lyon ; le 5 octobre de la même année, assistant
à une représentation de Mlle Mars au Grand-Théâtre de Lyon, il jetait,
sur la scène, à la célèbre actrice, un madrigal de sa façon. Il n'avait pas
19 ans.
     L'année suivante, il adresse un petit poème à l'un des confrères de
son père, le pharmacien Philippe Benoit, secrétaire de la mairie, membre
de l'Académie de Lyon et auteur d'une tragédie intitulée « Virginie ».
Et après avoir exposé plaisamment dans cette Boutade les désagréments
de la profession paternelle, il s'écrie :
            « Après un tel tableau, dois-je être apothicaire! »
     C'est aussi en 1826 que parut un amusant pamphlet anonyme qui
avait pour but de ridiculiser les écrivains royalistes de la ville, la Biogra-
phie contemporaine des Gens de lettres. Les auteurs de ce libelle avaient
grand soin de s'y railler un peu eux-mêmes, et, pour détourner encore
les soupçons, d'écrire incorrectement les noms de leurs victimes ou de
leur donner de faux prénoms, comme s'ils ne les connaissaient que vague-
ment.
      Eugène de Lamerlière, le jeune directeur du Journal du Commerce,
était l'inspirateur de cette publication à laquelle avaient contribué Boitel,
Anselme Petetin, Kauffmann, Auguste Desportes, Bret, Valois, Gaillard,
Beuf et le caricaturiste Philippon. Il y est question de Boitel dont l'œuvre
se compose déjà de « toutes les herbes de la Saint-Jean ».
     Cette satire ne manquait ni de verve ni d'esprit ; elle eut un tel
succès que ses auteurs s'empressèrent d'en rédiger une seconde, imprimée
vraisemblablement en 1827, la Biographie lyonnaise des auteurs dramatiques
vivants, dits du terroir, rédigée dans la loge du portier des Célestins, enrichie