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suivant les manuscrits des frères Paris. D'autre part s'il y eut 624.000
actions créées, jamais la moitié ne fut mise en circulation ; et au mois de
mai 1720 il n'en restait que 194.000 dans le commerce. Law avait promis
un dividende de 200 livres par action, il semble qu'il aurait pu être
servi sans difficulté par la Compagnie. En effet si la Louisiane ne donnait
pas encore les résultats que l'on pouvait en espérer, les Indes oriejitales
prospéraient vraiment, du reste le chiffre des affaires est là pour le prouver :
en 1716, la compagnie des Indes importait 6 millions de marchandises ;
en 1720, le chiffre de ses importations avait passé à 12 millions et celui
de ses exportations atteignait 9 millions. D'autre part, dans la seule
année 1719, la flotte passe de 16 à 30 vaisseaux (1). Mais la Compagnie
des Indes ne pouvait séparer son sort de celui de la banque, bien que -.
Law ait encore tenté de le faire en essayant, en pleine banqueroute, de
lui maintenir son caractère purement commercial, en lui faisant encore
attribuer les privilèges des Compagnies de Saint-Domingue et de Guinée
(10-27 septembre 1720).
     Il n'en est pas moins établi que la politique de Law a servi grande-
ment les intérêts de la France en lui permettant de créer rapidement une
organisation complète de son domaine colonial. L'arrêt du 29 août 1720
donne les détails de cette administration dont tous les rouages jouaient
parfaitement, et c'est en s'y conformant que l'Å“uvre de la Compagnie
put être continuée. En effet, elle ne disparut pas dans la liquidation du
système mais en sortit en quelque sorte régénérée et avec des méthodes
plus sûres, sans exclure une certaine audace. Il ne faut pas oublier qu'il
restait à la Compagnie 103 navires, le port de Lorient en parfait état
et d'immenses territoires dont, avec moins de hâte, elle allait tirer grand
profit (2). La pêche et le trafic des pelleteries étaient en pleine prospérité,
la culture du café se développait à l'île Bourbon, les cultures du blé,
du coton et du tabac étaient florissantes à la Louisiane, enfin le porte-
feuille, suivant le bilan du 3 juin 1720, contenait plus de 300.000.000 de

    (1) V. E. Lavisse, Histoire de France, t. VIII, amo partie, p. 39 et suiv., « Louis XV », par H. Carré.
    (3) Voir Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les
deux Indes, à la Haye, chez Gosse fils, 1776, t. II. — H. Martin, Histoire de France, Paris, Furne, 1861,
t. XV, p. 65 et suiv.