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 ces de leurs engagements les forçaient d'acheter et de vendre à contre-
 temps : ils payaient des intérêts énormes ; le temps seul les ruinait et
 la nature de leurs obligations les mettait hors d'état d'y satisfaire ».
      Afin de faire face aux charges de la Compagnie des Indes, Law fut
 autorisé à faire une émission de 50.000 actions de 500 livres. Pour obtenir
 une action de la Compagnie des Indes, il fallait justifier de la possession
 de quatre actions de la Compagnie des Indes occidentales. Le public
 donna le nom de Filles aux actions de la Nouvelle compagnie et de Mères
à celles de l'ancienne. Pendant ce temps l'accroissement de la Compagnie
devenait inouï, de juin à octobre 1719 elle s'annexait la Compagnie
d'Afrique, le privilège de la fabrication de la monnaie, la Ferme générale,
les gabelles et la recette générale des Finances. La Banque émet pour
400 millions de billets, la Compagnie 50.000 actions nouvelles de 500
livres. Ce sont ces dernières qui furent les petites filles, car pour une action
de la nouvelle émission il fallait quatre mères (actions d'occident) et
une fille (action des Indes). La folie de l'émission continue, 300.000 nou-
velles actions voient le jour en deux mois par tranches de 100.000, les
13 septembre, 28 septembre et 20 octobre 1719. Le I er janvier il y avait
634.000 actions dont 200.000 étaient dans les caisses du roi et de la
Compagnie. Le I er janvier 1720 ces actions de 500 livres atteignent le
chiffre fabuleux de 15.000 livres, le 5 elles sont à 18.000. C'est l'apogée
du système et le dividende prévu ne dépassait pas 1 livre 13 sols par
100 livres (1). Law avait d'autres projets plus grandioses, il songeait à
faire une alliance commerciale avec la Hollande pour développer le com-
merce de l'Extrême-Orient. « Notre alliance avec elle ne sera jamais
moins utile à elle et à nous en Asie qu'elle l'est en Europe. Ce n'est jamais
le nombre des négociants qui détruit le commerce, il l'augmente plutôt ;
et il n'est nulle part plus florissant et plus utile que dans les pays où il
y en a davantage, et de plus de nations différentes. Lorsqu'elles sont unies
entre elles, leur recours réciproque rend la navigation plus sure et plus

     (1) Cf. H. Weber, loc, cit., p. 315. — Histoire du système desfinancessous la Minorité de Louis XV, pen-
dant les années 1719 et 172,0, précédée d'un abrégé de la vie du Duc Régent et du S r Law ; à la Haye(
chez Pierre de Hondt, 1789, V. les pièces justificatives du tome VI. — Levasseur, Recherches sur le
système de Law, 1 vol., Paris, 1854.