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— 63 — des choses qui croissent chez les sauvages, il y a quantité de vignes, à peu près semblables à celles que nous avons en Europe, qui portent des raisins un peu aigres, mais le vin s'accommode fort bien avec le nostre, il en empêche même la corruption. Dans la Louisiane et les terres du sud, le raisin y est aussi bon qu'en France, mais les pépins sont bien plus gros. On trouve chez les uns et chez les autres du houblon, des prunes, des cerises, des citrons, des pommes, des poires, des noix, des noisettes, des groseilles de toutes sortes, et mille autres fruits de cette nature, d'un goût admirable. Il y croist dans l'un et l'autre païs du bled d'Inde, du bled françois, des naveaux, de fort beaux melons, des citrouilles prodi- gieuses, des choux, et une infinité d'autres légumes dont je ne rapporte pas icy le nom ». Hennepin ajoute qu'il y a des loups, des ours, des cerfs, des chevreuils des chats sauvages, des castors, des loutres, des poissons d'excellente qualité, du gibier de la plus grande variété, des bœufs sauvages et, ce qui pourrait être très intéressant pour la métropole, des arbres de toutes les essences dont l'exploitation pouvait être facilement pratiquée. Le commerce de la Louisiane avait été accordé par privilège à Cave- lier de la Salle en 1683, il passa ensuite à d'Iberville et à Crozat. Mais ce dernier fut mal servi par les circonstances et après de vains efforts il y renonça et demanda à s'en démettre le 23 août 1717. Certains ont pré- tendu que c'était un piège tendu à Law pour consommer la ruine de son système. Il n'y a pas lieu de le croire car Law ne se serait certainement pas laissé prendre à une semblable ruse, la colonisation faisait essentiellement partie de son programme et il ne laissa pas échapper l'occasion qui se pré- senta à lui. L'édit d'août 1717 accorda à Law le privilège de Crozat et celui de la Compagnie du Castor, au Canada. L'ensemble constituait la Compa- gnie d'Occident, que le public appela plus tard Compagnie duMississipi (1). (1) Le roi, dans les lettres patentes d'août 1717 donnait à la Compagnie la pleine propriété de toutes les terres de la Louisiane et de tous les forts, armes, canons, munitions que Sa Majesté pouvait posséder dans ce gouvernement, le monopole du commerce de cette contrée pendant 35 ans et celui de la traite des castors du Canada. Il lui était attribué pour armes « Un écusson de sinople, à la pointe ondée d'argent, sur laquelle sera couché un fleuve, au naturel, appuyé sur une corne d'abondance d'or, au chef d'azur semé de fleurs de lis d'or, soutenu d'une face en devise aussi d'or, ayant deux sauvages pour supports, et une couronne tressée ». Cf. Notice historique sur Law dans Economistes et Financiers du xvme siècle, Paris, Guillaumin, 1843.